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Photo de la Cour Suprême américaine, siégeant à Washington, aux Etats-Unis
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États-Unis : Trump relance les licenciements de fonctionnaires avec l’aval de la cours suprême

Une lame de fond administrative à visage politique. Aux États-Unis, un bouleversement silencieux menace les fondements de l'administration fédérale. En rendant une décision cruciale le 8 juillet, la Cour suprême américaine a ouvert un boulevard juridique à la volonté de Donald Trump de réorganiser radicalement la fonction publique fédérale. Derrière ce bras de fer institutionnel, c’est un affrontement bien plus vaste qui se joue, entre idéologie budgétaire, efficacité administrative et stabilité de l’emploi public. Et les conséquences économiques ne se limiteront pas à Washington : des pans entiers du service public risquent de chanceler.

✅ Un feu vert politique aux lourdes retombées économiques

La décision de la Cour suprême ne valide pas directement les plans de réduction des effectifs fédéraux, mais elle en débloque le mécanisme-clé : le décret présidentiel du 11 février, signé par Donald Trump. Celui-ci invite explicitement les agences fédérales à "planifier des réorganisations et des réductions d’effectifs conformément à la législation en vigueur", comme l’a souligné la juge Sonia Sotomayor, majoritaire dans l’arrêt rendu.

Jusqu’ici suspendues par la juge californienne Susan Illston pour vice de procédure législative, ces mesures pourront désormais entrer dans une phase opérationnelle. L’enjeu économique est considérable : plusieurs dizaines de milliers d’emplois publics sont potentiellement concernés. Ces suppressions pourraient entraîner une contraction budgétaire équivalente à plusieurs milliards de dollars, notamment en dépenses de personnel et pensions publiques.

Mais cette logique de rigueur budgétaire pourrait se heurter à un effet domino sur l’économie domestique : une réduction massive de la demande publique, une contraction de la consommation des foyers concernés, et des effets d’entraînement sur les territoires les plus dépendants de l’emploi fédéral.

👮 Fonction publique : cible ou victime collatérale ?

Donald Trump ne cache pas ses intentions. Depuis les premières semaines de son second mandat, l’ancien magnat de l’immobilier reconverti en réformateur institutionnel promet de "rationaliser" la bureaucratie américaine. En ligne de mire : des agences jugées obsolètes, inefficaces ou politiquement hostiles. Selon le secrétaire au Trésor, Howard Lutnick, ce processus pourrait aussi servir à "optimiser les missions essentielles de l’État en concentrant les ressources".

Mais pour la juge Ketanji Brown Jackson, farouchement opposée à l'arrêt de la Cour, cette initiative pourrait "détruire tout sur son passage dès le début du litige", dénonçant une intervention précipitée de la Cour suprême. L’administration Trump, de son côté, insiste sur la légitimité constitutionnelle d’un décret présidentiel s’inscrivant dans un cadre budgétaire défini par le Congrès.

En attendant que la juridiction de première instance se prononce sur les plans détaillés, les marchés financiers restent en veille, tout comme les syndicats de la fonction publique. Certains redoutent un précédent qui permettrait à l’exécutif de remodeler l’administration selon ses préférences politiques, sans passer par le filtre parlementaire.

👁L’œil de l’expert  : Démantèlement de l’État fédéral ?

Ce tournant juridique et politique pourrait bien être un moment charnière. La flexibilité retrouvée de l’exécutif en matière de gestion des ressources humaines publiques s'inscrit dans une stratégie de réaffirmation de la "main présidentielle" sur l’appareil d’État. Le danger ? Une fonction publique fragilisée, instrumentalisée, dont la vocation de neutralité pourrait être remise en cause. Sur le plan économique, cette réforme pourrait dégager des marges budgétaires à court terme, mais elle risque de générer à long terme une instabilité structurelle et sociale durable.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français