Trottinettes électriques : le marché cale, mais l’usage continue de s’intensifier
Après une phase d’essor fulgurant, le marché des EDPM – ces engins de déplacement personnel motorisés dont les trottinettes électriques représentent plus de 90 % – entame une nouvelle année de recul. La huitième édition du Baromètre de la Micromobilité, publiée par Mobilians et Smart Mobility Lab, dresse un constat sans appel : 2024 marque la troisième année consécutive de baisse. Mais derrière cette contraction se dessine une réalité plus nuancée. Tandis que les volumes chutent, les pratiques évoluent, et l’offre se spécialise. 🛴📉
📊 Chute des ventes, montée en gamme : un marché sous tension mais en mutation
Le marché des trottinettes électriques enregistre une baisse de 9 % en volume en 2024, avec 615 000 unités écoulées, prolongeant une tendance déjà amorcée en 2022 (-16 %) et 2023 (-10,67 %). En valeur, le secteur passe sous la barre des 254 millions d’euros, soit un recul de 8 %. En apparence, la filière s’essouffle. Le Baromètre note:
Cette tendance s’explique par une conjoncture économique difficile qui touche tous les secteurs de la mobilité. En dépit du ralentissement du nombre total d’achats, l’usage continue pour autant de progresser avec une dynamique de renouvellement qui s’est affirmée autour d’engins mieux équipés et plus adaptés à des usages réguliers
Mais selon le Baromètre, l’usage, lui, ne faiblit pas. Il se recentre autour de modèles plus sophistiqués, mieux adaptés aux trajets réguliers. Comme le souligne le rapport :
Malgré le ralentissement des achats, une dynamique de renouvellement se dessine, autour d'engins plus robustes et techniques
Le segment des trottinettes à moins de 500 € a progressé pour atteindre 74 % du marché, gagnant 8 points en un an. Le haut de gamme, en revanche, recule à 26 %, confirmant une reconfiguration vers une technicité plus abordable. Les utilisateurs cherchent désormais freinage optimisé, meilleure autonomie, et réparabilité, transformant les critères d’achat.
🛠️ Concurrence étrangère, absence de SAV : un appel au soutien public
Outre les aléas économiques, un autre facteur pèse lourdement sur les acteurs français : la concurrence venue de plateformes étrangères. Le rapport dénonce des vendeurs en ligne basés hors de France, qui contournent les circuits traditionnels de distribution et ne proposent aucun service après-vente. Ces pratiques fragilisent les professionnels installés localement et compliquent l'expérience utilisateur.
Les auteurs du Baromètre lancent un appel explicite à l’État :
Il est crucial que l'exécutif soutienne la filière face à cette concurrence déloyale, en instaurant des règles équitables
Pour eux, la réponse passe par une réglementation renforcée et une valorisation des distributeurs responsables, capables d’assurer réparabilité, sécurité et traçabilité. 🎯
👁️ L’œil de l’expert : un virage à prendre
Si le recul des ventes peut inquiéter, il traduit aussi une forme de maturité du marché. Les consommateurs ne fuient pas la trottinette électrique : ils deviennent plus exigeants. Durabilité, sécurité et service prennent le pas sur l’effet de nouveauté. Pour que ce virage se transforme en relance, les acteurs français devront miser sur la qualité et les pouvoirs publics sur la régulation. Le marché n’est pas mort, il se professionnalise. 🔍🇫🇷
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français