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Photo d'un couple de jeunes retraités vérifiant le montant de leurs pensions
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Retraite : les Français misent sur leur épargne face à un système en perte de confiance

Alors que le « conclave social » sur les retraites touche à sa fin — les discussions s’achèvent le 17 juin — un constat s’impose : les Français ont cessé d’attendre des miracles du système par répartition. Dans une enquête Ifop pour Altaprofits publiée ce jeudi, une large majorité des actifs reconnaît qu’il faudra compter sur soi-même pour maintenir son niveau de vie une fois à la retraite. Résultat : plus de 8 Français sur 10 anticipent déjà le recours à l’épargne personnelle pour compenser une pension qu’ils jugent insuffisante.

📉 Une confiance érodée dans le système par répartition

La défiance gagne du terrain. D’après le baromètre Ifop, 72 % des actifs pensent que leur niveau de vie baissera à la retraite, en progression de 3 points en seulement six mois. Ce pessimisme croissant se double d’un recul net de ceux qui comptent uniquement sur la pension publique : ils ne sont plus que 28 %, soit une chute de 11 points.

Il y a une véritable prise de conscience qu’il faut se prendre en main individuellement

commente Catherine Baudeneau, directrice marketing chez Altaprofits. Face à ce doute généralisé, 85 % des sondés envisagent sérieusement de constituer une épargne complémentaire. La répartition pure, jadis pilier incontesté du modèle français, laisse place à des combinaisons hybrides :

  • 47 % veulent s’appuyer principalement sur leur retraite publique mais comptent sur un complément d’épargne.
  • 15 % visent un équilibre 50/50 entre répartition et capitalisation.
  • Et 10 % pensent déjà que l’épargne privée constituera leur source principale de revenu à la retraite.

💰 Le PER séduit, mais reste encore en débat

Dans cette logique d’anticipation, le Plan Épargne Retraite (PER) s’impose progressivement. 34 % des actifs envisagent d’en ouvrir un, tandis que 19 % en détiennent déjà. Mais le PER reste un produit qui ne convainc pas tout le monde :

  • 47 % des actifs s’en détournent, souvent pour des raisons pratiques ou philosophiques.
  • 33 % disent avoir d'autres priorités financières.
  • 29 % déplorent le blocage des fonds jusqu’à la retraite.
  • 25 % doutent de la réelle efficacité fiscale du dispositif.

Parallèlement, une autre piste d’épargne émerge dans le débat public : le financement de la défense via l’épargne individuelle. Un produit dédié a été annoncé par le gouvernement, mais seuls 29 % des Français se disent prêts à y investir. Ce sont surtout les hommes (36 %), les jeunes (37 % des 18-24 ans), les cadres (46 %) et les diplômés du supérieur (46 %) qui se montrent favorables. Catherine Baudeneau tempère toutefois cette donnée, jugeant ce score encourageant malgré l’incertitude : « On ne connaît pas encore les contours précis du produit. »

Les freins restent importants :

  • 24 % estiment que le financement de la défense doit relever exclusivement de l’État,
  • 18 % redoutent des placements trop risqués,
  • 14 % invoquent des objections éthiques.

👁️ L’œil de l’expert : vers plus de lucidité

Cette enquête révèle un basculement profond dans la relation des Français à la retraite : la répartition n’est plus un socle suffisant. La capitalisation progresse dans les mentalités, et avec elle, une responsabilisation accrue de l’individu face à son avenir financier. Le gouvernement et les acteurs du secteur devront désormais composer avec une population plus lucide, mais aussi plus exigeante. Dans un contexte de mutation sociale et géopolitique, le modèle français de la retraite entre dans une zone de turbulences où la confiance devra être reconquise.

À propos de l'auteur

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.