Inflation : le reflux se confirme, mais les poches de tension persistent
Un calme trompeur sur le front des prix ? Depuis février 2025, la France affiche une inflation annuelle stabilisée à 0,8 %, selon les données définitives publiées le 15 mai par l’Insee. À première vue, le retour sous la barre des 1 % pourrait laisser penser à une normalisation durable, loin du pic de 6,3 % observé en février 2023. Mais une lecture plus fine révèle des dynamiques divergentes selon les postes de dépense, et une fragilité latente de cette désinflation. « Ce n’est pas une victoire définitive contre l’inflation, mais un répit, » observe François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, évoquant la possibilité d'une nouvelle baisse des taux directeurs d'ici l'été. Zoom sur les dessous de cette accalmie apparente. 🔎📊
1️⃣ Des moteurs de désinflation solides mais conjoncturels
Le repli des prix de l’énergie joue un rôle central dans la détente actuelle. En avril, ils ont chuté de 7,8 % sur un an, après une baisse de 6,6 % en mars. Cette baisse spectaculaire, tirée par la stabilisation des marchés mondiaux du gaz et du pétrole et des conditions climatiques favorables, a permis d’alléger sensiblement les dépenses contraintes des ménages. ⚡
Mais ce soulagement pourrait être temporaire : la volatilité géopolitique et les tensions sur le Moyen-Orient ou l’Ukraine pourraient raviver la pression sur les prix énergétiques à court terme. C’est donc un levier fragile, davantage lié au contexte mondial qu’à une dynamique structurelle, et sur lequel la politique monétaire a peu de prise.
Autre signal positif : les produits manufacturés voient leurs prix reculer de 0,2 % sur un an. Une conséquence d'une demande intérieure affaiblie, de la reprise progressive des chaînes logistiques et de promotions commerciales renforcées par les distributeurs. Un phénomène à surveiller, car il pourrait aussi traduire un ralentissement de la consommation plus qu'une réelle détente durable des prix. 🛍️
2️⃣ Des hausses résiduelles qui pèsent sur le quotidien
Parallèlement, certains postes continuent de tirer l’inflation vers le haut. Les services, par exemple, enregistrent une augmentation de 2,4 % en avril, contre 2,3 % le mois précédent. Les hausses sont notamment visibles dans les transports, l’hôtellerie-restauration et les assurances, des postes difficilement compressibles dans le budget des ménages.
Même constat sur l’alimentation, avec une hausse annuelle de 1,2 %, soit le double du mois de mars. Une progression lente mais continue, souvent ressentie de manière amplifiée par les consommateurs, surtout sur les produits de base. 🍽️
Le tabac, quant à lui, reste hors des logiques économiques classiques : son prix grimpe encore de 4,1 % sur un an, comme les mois précédents. Une évolution essentiellement liée à la fiscalité, qui alourdit mécaniquement la facture pour les fumeurs, indépendamment de la conjoncture.
Enfin, l’Insee a révisé à la hausse l’évolution des prix sur un mois : +0,6 % en avril, contre une première estimation de +0,5 %. Ce détail n’est pas anodin : il montre que la progression des prix reste active, même si elle se fait sur un rythme nettement plus modéré.
👁️ L’œil de l’expert : une stabilisation fragile
Si l’inflation reste contenue sous les 1 % pour le troisième mois consécutif, c’est en grande partie grâce à des facteurs externes comme la baisse de l’énergie. Or, ces éléments sont volatils et peuvent vite s’inverser. Dans le même temps, les hausses structurelles sur les services et l’alimentation traduisent une inertie des prix, difficile à enrayer sans affecter la croissance.
Dans ce contexte, la Banque centrale européenne a abaissé ses taux pour la sixième fois consécutive en avril. Et selon François Villeroy de Galhau, « une nouvelle baisse pourrait intervenir avant l’été », un signal fort adressé aux marchés et aux emprunteurs.
Reste à savoir si cette politique accommodante n’alimentera pas une nouvelle vague inflationniste à moyen terme, ou si la stabilisation actuelle pourra se prolonger. Une chose est sûre : l’inflation recule, mais elle n’est pas encore vaincue. 💼📉
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français