Inflation en trompe-l'œil : l'énergie plonge, mais l'alimentation s’enflamme
Alors que les indicateurs macroéconomiques laissent entrevoir un reflux de l’inflation en mai 2025, les réalités du quotidien des Français racontent une tout autre histoire. Le chiffre phare — une hausse annuelle des prix limitée à +0,7 % — marque un plus bas depuis février 2021. Une performance à première vue rassurante, soulignée par l’Insee, qui attribue ce ralentissement à la baisse marquée des prix dans les transports, les communications, et surtout à une chute continue du coût de l’énergie. Mais sous cette moyenne apaisante se cache un déséquilibre criant entre les secteurs, où l’assiette des ménages reste sous pression, malgré un allègement à la pompe.
👉 Décryptage d’une conjoncture plus contrastée qu’il n’y paraît.
🚗 L’énergie dévisse : un repli spectaculaire... mais fragile
Moteur principal de cette accalmie statistique, l’énergie enregistre une chute annuelle historique de -8,1 %, selon les dernières données de l’Insee. Une telle décrue n’avait plus été observée depuis le printemps 2020, au cœur de la pandémie. Carburants, gaz, électricité : tout fléchit. Pour les ménages, cela se traduit par un allègement bienvenu sur les factures et les pleins d’essence.
L’effet immédiat sur l’indice général est indéniable. Cette baisse repose sur des facteurs conjoncturels plus que structurels. Rien ne dit que la dynamique se poursuivra.
commente l’analyste économique Claire Chavanne, interrogée par RMC Éco.
Autrement dit, ce soulagement pourrait être de courte durée. D’autant plus que d'autres postes, eux, continuent de tirer les prix vers le haut.
🥦 Une assiette qui coûte cher : l'alimentation sous tension persistante
À rebours de cette embellie énergétique, l’alimentation continue de grignoter le pouvoir d’achat des Français. Si le rythme ralentit légèrement par rapport à avril, les prix progressent encore de +1,3 % sur un an, avec +1,7 % pour les produits frais. Le recul est donc réel, mais le poids dans le budget quotidien reste lourd. Fruits, légumes, produits laitiers : les étiquettes restent élevées, ce qui continue de nourrir un sentiment d’inflation perçue plus élevé que les chiffres globaux.
La baisse générale masque des tensions sectorielles bien réelles, et l’alimentation en est l’illustration la plus visible
souligne Claire Chavanne.
En parallèle, d’autres segments évoluent dans une zone de stagnation : les produits manufacturés n’affichent que -0,2 % d’évolution annuelle, tandis que les services ralentissent légèrement (+2,1 % contre +2,4 % en avril), dopés par les replis dans les transports et les communications. Seul le tabac maintient une trajectoire stable mais haute : +4,1 %, inchangé depuis le mois précédent.
👁 Le regard de l’expert : un soulagement partiel, des défis structurels
Malgré l’euphorie apparente des chiffres, l’inflation de mai 2025 n’a rien d’un répit global. Certes, les courbes se replient, et l’indice harmonisé européen ne progresse que de +0,6 % sur un an, mais l’inégalité sectorielle demeure flagrante. Le recul des prix de l’énergie ne compense pas, pour les ménages, la flambée continue du coût de l’alimentation. Et comme le précise l'auteur de l'article:
Il ne faut pas se laisser tromper par les apparences : un ralentissement de l'inflation ne signifie pas que les prix reculent, mais simplement qu’ils grimpent à un rythme moins soutenu. Pour beaucoup de Français, le ressenti au quotidien reste celui d’une tension budgétaire bien réelle, notamment dans les rayons des supermarchés.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français