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Photo d'une calculatrice posée sur des bulletins de salaires d'un cadre, en 2025
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Négociation des salaires : face à la crise, les entreprises serrent la vis en 2025

Après deux années de revalorisations marquées par l’inflation galopante, l’heure est au coup de frein brutal. En France, les augmentations salariales se font rares, voire inexistantes. Les entreprises resserrent leur budget au détriment du pouvoir d’achat des salariés. D’après une récente étude du cabinet Mercer France, le montant alloué à la revalorisation des salaires de base a chuté de 4 % à 2,5 % en un an. Un chiffre qui illustre un climat économique sous tension, entre prudence patronale et frustration sociale croissante.

📉 Budgets rabotés, tensions accrues

L’année 2025 marque un véritable retournement de tendance sur le front des rémunérations. En effet, 7 % des entreprises ont tout bonnement gelé les salaires de leurs collaborateurs, selon les données révélées par Mercer France. Du jamais vu depuis la crise de 2021. Ce durcissement budgétaire s’explique par un ralentissement de l’inflation et des perspectives de croissance plus frileuses.

Jean-Christophe Sciberras, président du cabinet NewBridges, décrypte :

Les sociétés ajustent leurs politiques salariales face à la décrue de l’inflation. Mais une baisse des hausses est toujours plus mal vécue qu'une absence de revalorisation passée.

Les secteurs les plus affectés sont ceux déjà sous pression économique : industrie chimique, commerce de détail, hôtellerie-restauration. Résultat : les NAO (négociations annuelles obligatoires) accouchent souvent de maigres compromis, voire d’un statu quo glaçant pour les salariés.

😠 Pouvoir d’achat en berne, fracture sociale en vue

Le ressenti sur le terrain est palpable. Nadia, employée dans une grande banque sous les tours de La Défense, confie sa désillusion sur l'antenne de RMC :

J’espérais une petite hausse, au moins pour compenser. Finalement, je me prive davantage, je consomme moins. C’est frustrant.

Dans d'autres entreprises, les augmentations ciblées alimentent la grogne. Ghislain, salarié dans un cabinet d’audit financier, rapporte :

J’ai eu une revalorisation, mais c’est loin d’être le cas de tout le monde. Et pourtant, les résultats sont bons. Ça crée un vrai malaise social.

Pour Benoît Serre, expert RH et DRH, cette tension est structurelle : « Après deux ans d’inflation élevée, les entreprises avaient fait un effort. Aujourd’hui, avec une inflation jugulée, elles réduisent les hausses. Mais cela pourrait laisser des traces. » Il anticipe d’ailleurs une nouvelle année 2026 sans embellie, avec des progressions salariales toujours faibles.

👁 L’œil de l’expert : une crise qui laisse des traces

Le ralentissement des augmentations salariales n’est pas seulement conjoncturel : il révèle un changement de paradigme. Les entreprises priorisent désormais la gestion des marges dans un environnement incertain. Mais à quel prix ? L’écart entre les attentes salariales et la réalité budgétaire pourrait amplifier les tensions internes, affecter la motivation et provoquer un désengagement silencieux.

Le défi est double : continuer à motiver les troupes sans levier financier immédiat, tout en préservant une cohésion sociale déjà fragilisée par deux années de crise.

À propos de l'auteur

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.