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Photo du drapeau-fanion du Top 14, planté en bordure du terrain de jeu
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Marseille, Top 14 et millions à la clé : les dessous économiques d’un déplacement stratégique

Quand l’ovalie fait battre le cœur économique de Marseille. Le 28 juin 2024, Marseille deviendra le théâtre inédit de la finale du Top 14, marquant un tournant majeur dans l’histoire du rugby français. C’est une première depuis 1974 que cette ultime confrontation, traditionnellement ancrée au Stade de France ou au Parc des Princes, s’exile durablement au-delà de la région parisienne (hors l’épisode barcelonais de 2016). Mais derrière l’événement sportif, c’est toute une mécanique économique qui s’active. L’Orange Vélodrome, ses 68 000 places, et un public venu majoritairement de l’extérieur de la région PACA (75 % des acheteurs) promettent une pluie de retombées financières. Une opération qui, si elle implique un léger manque à gagner pour la Ligue nationale de rugby (LNR), pourrait bien repositionner le rugby comme un levier d’attractivité territoriale majeur. ⚙️💰

🏈 Marseille, grand gagnant économique

L’accueil de la finale du Top 14 à Marseille s’annonce comme un jackpot pour l’économie locale. Selon Emmanuel Eschalier, directeur général de la LNR, les retombées économiques pourraient avoisiner les 20 à 25 millions d’euros, si l'on se fie à l'exemple de Saint-Sébastien en 2023, qui avait accueilli les demi-finales et engrangé environ 22 millions d’euros de bénéfices directs et indirects. Hôtellerie, restauration, transports, activités de loisir… Tout un écosystème s’apprête à bénéficier de l’arrivée massive de supporters.

Les données le confirment : trois quarts des billets ont été vendus à des supporters extérieurs à la région PACA, assurant un afflux de visiteurs avec un fort pouvoir d’achat. Le Vieux-Port, les plages du Prado, les calanques... autant d’atouts touristiques qui viendront enrichir l’expérience des visiteurs et renforcer l’image de Marseille comme terre d’accueil de grands événements sportifs.

Dans un contexte où les villes cherchent à diversifier leurs sources de revenus touristiques, le Top 14 représente bien plus qu’un match : c’est un vecteur de dynamisation économique. D’autant que cette vitrine pourrait peser lourd pour les candidatures futures de Marseille à d’autres événements internationaux.

💼📉 Pari financier calculé mais maîtrisé 

Si l’opération est prometteuse pour Marseille, elle implique une équation plus subtile pour la Ligue nationale de rugby. En quittant le Stade de France et ses 80 000 sièges pour l’Orange Vélodrome limité à 68 000 places, la LNR encaisse une perte de capacité qui se traduit par une diminution mécanique des recettes billetterie.

Mais pas de panique côté comptes. Emmanuel Eschalier tempère : « Le résultat net sera quasiment similaire », grâce à un engouement record qui a permis d’écouler la billetterie en un temps record, y compris pour les offres hospitalité. Autrement dit, le plein tarif, la rareté et l’intensité de la demande compensent la baisse volumétrique.

Cette stratégie illustre une mutation plus large : celle d’un modèle économique du rugby qui ne se repose plus uniquement sur la centralisation francilienne, mais explore une logique de développement décentralisé, inspirée du modèle anglo-saxon, plus flexible et adapté à une économie d’expérience.

À cela s’ajoute un deuxième succès : les demi-finales de Bordeaux, les 21 et 22 juin, affichent déjà complet, consolidant l’idée que la délocalisation est économiquement viable, dès lors qu’elle s’appuie sur une infrastructure adaptée et une région mobilisée.

👁 L’œil de l’expert : fin des monopoles

Avec cette édition 2024, le Top 14 amorce un tournant stratégique : sortir du monopole parisien, c’est diversifier les publics, maximiser les retombées territoriales, et créer une dynamique économique plus large autour du rugby. Certes, l’équation financière nécessite quelques ajustements — baisse de capacité d’accueil, coûts logistiques — mais l’engouement populaire et l’impact sur le tissu économique local semblent largement compenser ces contraintes.

Dans un sport où les recettes extra-sportives deviennent centrales, cette initiative pourrait préfigurer une nouvelle cartographie du rugby français, plus ouverte, plus rentable, et mieux alignée sur les réalités économiques des territoires.

À propos de l'auteur

Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.