Alors que le football féminin connaît une montée en puissance sans précédent en Europe, les questions de rémunération restent au cœur des préoccupations. En Angleterre comme en Espagne, les joueuses gagnent toujours des montants très éloignés de ceux de leurs homologues masculins. Pourtant, des dynamiques salariales nouvelles émergent, révélant les tensions – mais aussi les opportunités – d’un secteur en pleine mutation économique.
💸 Le salaire des joueuses pour l’Euro
À l’occasion de l’Euro féminin 2025, les joueuses des grandes sélections européennes bénéficient pour la première fois d’un cadre financier sensiblement revalorisé. Chaque joueuse anglaise, par exemple, perçoit un frais de match de 2 000 livres sterling, un montant désormais identique à celui des hommes depuis 2020 et souvent reversé à des associations caritatives par les joueuses elles-mêmes.
En cas de victoire finale, la fédération nationale peut toucher jusqu’à 5 millions d’euros de la part de l’UEFA. Selon les accords en vigueur, environ 40 % de cette somme est redistribuée aux joueuses, soit près de 2 millions d’euros à partager. Le gain individuel pour une joueuse anglaise ou espagnole pourrait ainsi atteindre entre 80 000 et 90 000 euros, selon les performances de l’équipe.
⚖️ Disparité homme-femme toujours marquée
Malgré cette progression notable, les écarts avec le football masculin demeurent marquants. À l’Euro masculin 2024, la dotation maximale versée à l’équipe championne s’élevait à 30 millions d’euros, soit six fois plus que pour leurs homologues féminines.
Du côté des joueurs, les primes individuelles atteignaient en moyenne 300 000 à 400 000 euros, très loin des montants versés aux joueuses, malgré des exigences sportives similaires. Si les avancées sont réelles, l’inégalité de traitement économique reste manifeste.
Sarina Wiegman, sélectionneuse de l’Angleterre affirme:
Nos joueuses ne demandent pas plus que ce qu’elles méritent. Elles veulent être reconnues à la hauteur de leur engagement et de leur impact.
⚽ L’Euro 2025 marque un tournant dans le football féminin
L’édition 2025 de l’Euro féminin marque néanmoins un moment clé dans la professionnalisation du sport. L’augmentation des primes permet aux joueuses de mieux vivre de leur métier, de renforcer leur attractivité auprès des sponsors, et d’accroître leur visibilité médiatique. Elle crée aussi un appel d’air pour les jeunes talents, incitant les clubs à investir davantage dans leurs sections féminines.
Au-delà du terrain, cette dynamique se traduit par une hausse des droits TV, une fréquentation en hausse des stades, et l’arrivée de nouveaux partenaires commerciaux. Le football féminin s’impose progressivement comme un acteur économique crédible à part entière, et non plus uniquement comme une question de représentativité.
Nadine Kessler, directrice du football féminin à l’UEFA déclare :
Cet Euro 2025 ne sera pas seulement un événement sportif, c’est un moteur pour l’avenir du football féminin en Europe.
👁 L’œil de l’expert : Le tournant du football féminin européen
L’Euro 2025 marque un tournant pour le football féminin, qui dépasse désormais les seuls enjeux de représentation ou d’égalité. Avec une hausse inédite des primes et un intérêt croissant des sponsors, des diffuseurs et du public, le tournoi confirme le potentiel économique du secteur. Ce nouveau cadre permet aux joueuses de mieux valoriser leur performance, tout en incitant les institutions sportives à investir durablement. En s’imposant comme un produit rentable et médiatisé, le football féminin s’inscrit progressivement dans une logique de marché, au même titre que son homologue masculin. Ce rééquilibrage, encore partiel, pourrait à terme contribuer à refonder les logiques économiques du sport professionnel