L’annonce est tombée ce mercredi, à l’heure des tensions internationales : le général d’armée aérienne Fabien Mandon devient le nouveau Chef d’État-Major des Armées (CEMA). Il succède ainsi au général Thierry Burkhard, figure centrale de la réorganisation militaire post-Ukraine. Cette nomination marque un moment historique : Mandon est le premier aviateur à occuper cette fonction depuis trois décennies.
Alors que la France ajuste sa posture de défense face à un monde de plus en plus instable, l’arrivée de Mandon interroge aussi sur les prochaines orientation stratégiques de l’armée française. C’est aussi l’occasion de se pencher sur le traitement d’un tel poste : comment se structure la rémunération du plus haut gradé militaire français ? Décryptage.
🧑🏼✈️ Une nomination dans un contexte sous tension
Le départ du général Burkhard survient après quatre années de mandat marquées par le retour de la guerre de haute intensité en Europe. Face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, son commandement a mis l’accent sur l’adaptation du modèle militaire français, longtemps calibré pour des opérations asymétriques ou expéditionnaires.
Son commandement s’est distingué par une vision stratégique lucide des menaces
a souligné le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, dans un communiqué publié sur X. Burkhard a notamment accompagné une remontée en puissance budgétaire et opérationnelle des armées, en cohérence avec la Loi de Programmation Militaire 2024‑2030.
Le choix du général Mandon, ancien chef de cabinet militaire du ministre des Armées et actuel chef d’état-major particulier du président, répond à une volonté de continuité stratégique mais aussi de renforcement du lien entre l’exécutif et les armées.
Lecornu dit avoir « pleine confiance en sa capacité à poursuivre, avec rigueur et détermination, la transformation de nos forces dans un contexte sécuritaire toujours plus exigeant. »
Mandon incarne une génération tournée vers l’innovation technologique, la supériorité aérienne et la coordination interarmées, autant d’enjeux cruciaux dans les conflits à venir.
💸 Une solde à la hauteur des responsabilités ?
Si la fonction du CEMA est souvent abordée sous l’angle stratégique, sa rémunération reste largement méconnue du grand public. Pourtant, elle reflète l’importance du rôle dans l’architecture de défense nationale.
D’après les estimations consolidées à partir de données publiques :
Traitement indiciaire brut : entre 9 000 et 10 000 € brut/mois, selon l’échelon occupé dans le grade de général d’armée (5 étoiles).
Indemnité de haute responsabilité : 2 000 à 3 000 € brut/mois, liée à la fonction de CEMA.
Primes diverses : notamment logement, sujétions, transport, etc., pour un total de 1 000 à 2 000 € brut/mois.
👉 Total brut mensuel estimé : 12 000 à 15 000 €
👉 Net mensuel : entre 8 500 et 10 500 €, après prélèvements.
Mais contrairement à d’autres hautes fonctions, aucune prime de performance ou de résultats n’est versée, le service de l’État ne se mesurant pas en KPI trimestriels mais en efficacité stratégique et loyauté constitutionnelle.
🎖 Statut, avantages et contraintes
Au-delà du salaire, le poste de CEMA ouvre droit à des avantages logistiques et symboliques propres à la fonction :
Un logement de fonction,
Un véhicule avec chauffeur,
Un accès prioritaire aux soins militaires,
Une équipe dédiée à l’interface État-major/Présidence.
Mais la contrepartie est de taille : le CEMA est le conseiller militaire direct du Président de la République, garant de la cohérence opérationnelle et du commandement des forces françaises à l’échelle mondiale. Il assume la responsabilité des engagements extérieurs, du nucléaire dissuasif, et des opérations spéciales, tout en devant répondre aux impératifs politiques.
Le niveau d’engagement et de pression est tel que cette fonction reste l’une des plus exigeantes de la haute fonction publique française, tant sur le plan humain que géopolitique.
👁️ L’œil de l’expert
La nomination de Fabien Mandon s’inscrit dans une logique de renouvellement contrôlé du commandement militaire, à l’heure où la France cherche à redéfinir sa place dans un monde fragmenté.
Mais l’essentiel est ailleurs : la stabilité, la loyauté et l’anticipation des conflits sont les vraies monnaies d’échange dans l’univers feutré des états-majors. Et à ce jeu-là, Mandon hérite d’un poste clé, au croisement de la dissuasion nucléaire, de l’Europe de la Défense, et des nouvelles menaces hybrides.
Le commandement, c’est prévoir
disait déjà Foch. Dans le cas du nouveau CEMA, il s’agira surtout de prévoir juste… et d’agir vite.