Symbole de la communication domestique depuis plus d’un siècle, le téléphone fixe tel qu’on l’a connu touche à sa fin. Le réseau cuivre, pilier historique de la téléphonie en France depuis son essor dans les années 1980 avec France Télécom, est désormais condamné à disparaître. Le Ministère de l’Économie a officialisé l’échéance : d’ici 2030, cette infrastructure jugée obsolète sera totalement déconnectée, au profit d’alternatives numériques plus performantes. Mais au-delà de la nostalgie, cette bascule implique de profondes transformations techniques, économiques et financières.
💰 Coût d’entretien insoutenable
La décision de démanteler progressivement le réseau cuivre repose sur un constat économique implacable : l’entretien de cette technologie vieillissante devient trop coûteux, alors que ses performances sont largement supplantées par la fibre optique. Le ministère précise d’ailleurs que « le réseau national a simplement décidé de mettre fin à une technologie presque obsolète de nos jours ».
Cette mutation concerne plus de 9 000 communes, dont Bordeaux, Marly-le-Roi ou Cassis, où les coupures débuteront dès 2026, avec une généralisation entre 2028 et 2030. Le chantier est titanesque : chaque point d’accès doit être évalué, migré, puis éteint.
👉 Pour les consommateurs, l’impact économique est direct :
Ouverture d’une ligne fibre : environ 55 €
Abonnement mensuel de base : autour de 22 €
Formules avec appels illimités : jusqu’à 44 € par mois
Les coûts pour les opérateurs, eux, seront compensés par une simplification de la maintenance et une mutualisation des infrastructures, désormais majoritairement numériques. Ce basculement répond aussi à des impératifs de rationalisation, dans un secteur télécoms en quête de rentabilité sur fond de saturation du marché mobile.
🛰️ Fibre, satellite, 4G : la téléphonie fixe réinventée
Contrairement à une idée reçue, la fin du cuivre ne signifie pas la fin des téléphones fixes, mais une évolution du support. Plusieurs solutions sont proposées pour assurer la continuité du service, notamment :
Raccordement à la fibre, avec portabilité du numéro fixe
Boîtiers 4G ou LTE, en zones rurales non fibrées
Accès satellite, solution marginale mais adaptée aux territoires isolés
Orange, ex-France Télécom et gestionnaire historique du réseau cuivre, pilote cette transition. L’opérateur propose un outil interactif sur son site permettant d’identifier les communes concernées par la coupure. Sur cette carte, les points violets désignent les zones déjà en phase d’expérimentation, les points orange celles à venir, et les points gris celles où le service a déjà cessé.
Cette visualisation permet aux usagers d’anticiper les démarches nécessaires — techniques et financières — afin de garantir leur maintien dans le circuit de la téléphonie résidentielle.
👁️ L’œil de l’expert : fin d’une époque
Ce virage technologique, s’il paraît discret, est emblématique de la transformation des infrastructures numériques françaises. En mettant fin à une technologie jugée archaïque, l’État et les opérateurs investissent sur la durée dans une modernisation plus cohérente avec les usages actuels : internet à haut débit, connectivité constante, services cloud. Toutefois, cette mue pose la question de l’inclusion numérique, notamment pour les personnes âgées ou en zones blanches.
D’un point de vue économique, le démantèlement du cuivre ouvre la voie à de nouvelles offres commerciales et à une reconfiguration des marges des opérateurs télécoms, dont les modèles évoluent de la gestion de réseaux physiques vers des services à valeur ajoutée. La transition ne sera pas sans friction, mais elle marque la fin d’une époque… et le début d’une autre. 🧭