Croissance 2025 : la Banque de France revoit ses ambitions à la baisse
C’est une nouvelle douche froide pour le gouvernement. La Banque de France a une fois de plus revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025, ramenant l’estimation du PIB à seulement 0,6 %. Une trajectoire économique de plus en plus poussive, marquée par des vents contraires à l’international et une incertitude rampante. Un coup dur pour l’exécutif, déjà confronté à des arbitrages budgétaires complexes.
🌍 Commerce mondial, incertitude et ralentissement : les nuages s’accumulent
La faiblesse de la croissance tricolore ne s’explique pas seulement par des dynamiques internes. Elle s’inscrit dans un climat international de plus en plus tendu, où l’incertitude pèse lourdement sur les décisions des entreprises comme des ménages. Le retour d’un protectionnisme agressif, incarné par les menaces tarifaires de l’ex-président américain Donald Trump, bouleverse les équilibres.
Olivier Garnier, directeur général des statistiques et des études à la Banque de France, résume ainsi la situation :
L’effet de l’incertitude est plus important que l’effet direct des tarifs sur trois ans.
Les projections de la Banque de France reposent sur des hypothèses prudentes, arrêtées avant la dernière escalade verbale de Washington. Elles intègrent une taxe réciproque de 10 % sur les exportations européennes, sans riposte. Mais dans un scénario plus sévère, incluant des droits de douane à 20 % avec mesures de rétorsion équivalentes, le PIB français pourrait perdre 0,3 point supplémentaire dès 2025, et autant en 2026.
Concrètement, cela ramènerait la croissance à 0,3 % en 2025, avant une modeste reprise à 0,7 % en 2026. Le tout sans effet significatif sur l’inflation, mais avec une pression accrue sur les finances publiques et les marges de manœuvre de l’État.
🏛️ Déficit, dépenses publiques et ambitions en sursis
Cette révision à la baisse des perspectives économiques complique sérieusement l’élaboration du budget 2026 par le gouvernement Bayrou. Le projet initial, bâti sur une hypothèse de croissance de 0,7 % — elle-même déjà révisée depuis les 0,9 % de décembre, puis les 1,2 % de septembre 2024 — semble désormais déconnecté des réalités économiques.
La Banque de France prévoit désormais une croissance de seulement 1 % en 2026, suivie d’un timide 1,2 % en 2027, bien en deçà des espoirs initiaux. Cette tendance, si elle se confirme, rendrait plus difficile le financement des services publics et l’atteinte des objectifs de réduction du déficit public, sans parler des éventuelles ambitions sociales ou écologiques du gouvernement.
Dans ce contexte, la demande publique — c’est-à-dire l’investissement et la consommation de l’État — risque de jouer un rôle de soutien plus important qu’initialement prévu, au prix d’arbitrages budgétaires encore plus délicats.
👁 L’œil de l’expert
Ce nouveau ralentissement n’est pas une surprise totale, mais il accentue une dynamique d’essoufflement inquiétante pour l’économie française. La fragilité des échanges internationaux, combinée à un climat géopolitique volatil, pèse davantage qu’un simple ajustement cyclique.
Avec une croissance aussi basse, chaque dixième de point devient crucial pour les équilibres budgétaires. Si le gouvernement persiste à vouloir éviter toute hausse d’impôts, la réduction des dépenses pourrait devenir incontournable — avec les risques politiques et sociaux que cela implique. Plus que jamais, la France devra repenser sa stratégie de croissance à long terme, au-delà des aléas conjoncturels.
À propos de l'auteur
Conseiller financier chez FiniDeMePriver.com depuis près de 2 ans, Enzo Poulain met son expertise au service de ses clients en leur proposant des solutions sur mesure pour optimiser leur budget et simplifier la gestion de leurs finances. Doté d’un sens aigu du détail et d’un réel engagement pour le travail bien fait, Enzo partage également des astuces pratiques pour aider chacun à maintenir un budget équilibré et adapté à ses besoins.