Baisse des taux, mais remontée des perspectives d’inflation
Après la Banque du Canada, la Banque de Suède et la Banque nationale Suisse, la Banque Centrale Européenne a abaissé ses taux directeurs d’un quart de point, le 6 juin dernier, à l’occasion de la réunion des responsables de l’institution de Francfort.
Mais ces derniers ont aussi relevé leurs prévisions d’inflation pour 2024 et 2025, reconnaissant que la hausse des prix persistait, et dans certains pays plus que dans d’autres.
👊 Une inflation difficile à combattre
Les responsables de la Banque Centrale Européenne, après l’annonce de la baisse des taux directeurs, le 6 juin dernier, ont aussitôt insisté sur la difficulté de la zone Euro à endiguer définitivement la hausse des prix, et à ramener le taux d’inflation en zone Euro à 2%. La tâche semble suffisamment ardue pour que l’institution francfortoise annonce même une augmentation de la prévision d’inflation pour 2024 à 2,5%. Un secteur est particulièrement scruté : le secteur des services.
On va regarder très attentivement le secteur des services (...) qui est le plus intense en main d'œuvre, c'est celui qui est le plus déterminé par les salaires.
a déclaré Christine Lagarde dans une interview diffusée sur BFMBusiness.
On sera très attentif à toutes les données relatives aux salaires, relatives aux services, relatives à la productivité et relatives aux profits, a ajouté la présidente de la BCE.
Face à une accélération des augmentations de salaires dans ce secteur sur le premier trimestre (+5,1 vs +4,9 au trimestre précédent), Christine Lagarde a prévenu qu’il faudrait s’attendre à encore quelques hauts et quelques bas dans l’évolution de la courbe des prix, sur les prochains mois.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a tenu également à mettre en garde contre les soubresauts de l’inflation, avec les fluctuations des prix à anticiper, sur le secteur de l’énergie. Mais de se vouloir aussi rassurant :
Sauf choc externe, l'inflation va revenir vers 2% d'ici l'an prochain, et sans doute en France un peu plus vite que la moyenne européenne, ajoutera-t-il.
On comprend donc que la BCE sera amené à adapter sa politique monétaire, pour les mois à venir, en fonction de la bonne tenue des prévisions économiques et surtout celles de l’inflation.
🇺🇸 De l’autre côté de l’Atlantique
Pendant ce temps, les yeux sont désormais rivés sur le continent américain, dans l’attente de la prochaine réunion de la Réserve Fédérale Américaine (FED), qui se réunit cette semaine. Et aux Etats-Unis, la situation n’est pas la même : la croissance du pays est dynamique, et fait mécaniquement pression sur la croissance des salaires, et par ricochet sur l’inflation. Le pays pourrait donc bien attendre le mois de septembre pour annoncer une première détente sur sa politique monétaire.
Les annonces des faucons seront très sérieusement analysées, à n’en pas douter. La zone Euro, en baissant trop vite ses taux directeurs avant les Etats-Unis, prend le risque d’être moins compétitive sur le rendement de l’argent, et donc de renchérir le Dollar face à l’Euro. Et par voie de conséquence, de renchérir le prix des importations européennes payées en monnaie américaine (nous pensons bien entendu au pétrole).
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français