Une décision lourde de conséquences. La confirmation est tombée : les fonctionnaires ne toucheront pas de prime de garantie individuelle de pouvoir d’achat (Gipa) en 2025. Déjà supprimée l’an dernier, cette aide représentait un soutien financier non négligeable pour près de 188 000 agents, avec un montant moyen de 700 euros par bénéficiaire.
Derrière cette décision, le gouvernement cherche à boucler un budget contraint marqué par la nécessité de trouver 43,8 milliards d’euros d’économies pour ramener le déficit public dans les clous européens.
Le ministre de la Fonction publique, Laurent Marcangeli, a justifié cette orientation dans une réponse écrite au député socialiste Sébastien Saint-Pasteur : « Au regard d’un contexte budgétaire particulièrement contraint, le gouvernement a décidé de ne pas reconduire ce dispositif en 2024 et 2025 ».
⏹ Une prime en moins pour raisons budgétaires
La Gipa, instaurée en 2008, avait pour vocation de compenser les pertes de pouvoir d’achat subies par les agents publics dont le traitement progressait moins vite que l’inflation. En 2023, son coût avait atteint environ 800 millions d’euros pour l’État.
Mais dès 2024, le dispositif avait été stoppé sous l’impulsion de Guillaume Kasbarian, alors ministre de la Fonction publique. Son successeur, Laurent Marcangeli, a confirmé la même ligne en 2025, insistant sur le fait que « ce mécanisme bénéficiait principalement aux agents en fin de carrière » et que « la Gipa n’avait pas vocation à être pérennisée dès sa création».
Au-delà des agents, c’est tout l’équilibre des finances publiques qui est en jeu : dans un contexte de dette record et de taux d’intérêt élevés, chaque dépense supplémentaire pèse lourdement sur la trajectoire budgétaire française.
⚖️ Entre rigueur et tensions sociales
Cette décision intervient alors que l’exécutif multiplie les annonces de rigueur. Le Premier ministre François Bayrou avait déjà annoncé en juillet dernier la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires. La non-reconduction de la Gipa s’inscrit donc dans une stratégie globale de réduction des coûts de fonctionnement de l’État.
Pour les syndicats, qui réclamaient un retour de la prime, la décision est vécue comme une double peine dans un contexte où l’inflation a érodé le pouvoir d’achat des ménages. Les agents concernés voient disparaître un complément de revenu devenu essentiel pour compenser la stagnation salariale.
À court terme, ce choix pourrait accentuer le mécontentement social et compliquer les discussions sur l’évolution des rémunérations publiques, alors même que le gouvernement cherche à restaurer la confiance des marchés financiers et à rassurer Bruxelles sur sa capacité à redresser ses comptes.
👁️ L’œil de l’expert : un choix stratégique ?
La suppression de la Gipa illustre un dilemme budgétaire récurrent : préserver la stabilité financière de l’État au prix d’un mécontentement social accru. Si l’économie réalisée reste relativement marginale au regard des besoins colossaux de réduction du déficit, elle envoie néanmoins un signal fort de discipline budgétaire aux institutions européennes et aux investisseurs.
Mais cette stratégie n’est pas sans risques. En limitant les compensations salariales dans la fonction publique, l’exécutif fragilise le moral et la fidélisation des agents, dans un secteur déjà confronté à des difficultés d’attractivité. Le gouvernement joue donc une partie délicate : convaincre les marchés de sa crédibilité budgétaire tout en contenant une contestation sociale qui pourrait rapidement s’amplifier.