Malgré les alertes sanitaires et la flambée des prix, près d’un tiers des Français continuent de fumer. Si les conséquences sur la santé sont bien connues — 75 000 décès par an selon Santé Publique France —, l’impact financier est tout aussi alarmant, mais souvent sous-estimé. Et pourtant, arrêter de fumer pourrait transformer radicalement votre portefeuille. À l’heure où l’inflation grignote le pouvoir d’achat, la cigarette devient un luxe qui pèse lourdement sur les finances personnelles.
Des milliers d’euros qui partent… en fumée
Le prix du paquet n’a cessé de grimper ces vingt dernières années. Selon la Direction générale des douanes (DGDDI), le tarif d’un paquet a triplé depuis 2000, atteignant aujourd’hui environ 12 à 13 euros. Une hausse progressive — entre 20 et 90 centimes à chaque revalorisation — qui s’est accompagnée d’une chute de 50 % des ventes, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).
Mais les fumeurs réguliers continuent d’absorber cette hausse au prix fort. Un paquet par jour ? C’est 4032 euros par an. Sur 5 ans, plus de 20 000 euros envolés. Pour ceux qui consomment trois paquets quotidiennement, le calcul grimpe à plus de 60 000 euros sur la même période. À l’échelle de dix ou quinze ans, les montants deviennent tout simplement vertigineux.
Et cette somme n’est pas une simple perte : c’est de l’argent qui aurait pu fructifier, rappelle l’économiste Olivier Auriol:
Sur un Livret A à 2,4 %, un ex-fumeur aurait déjà pu générer plus de 480 euros par an de rendement avec l’argent économisé.
Et si cette économie devenait un investissement d’avenir ?
La vraie question est donc : et si cet argent avait été placé intelligemment ? Les simulations sont édifiantes. En investissant dans une assurance-vie avec un portefeuille dynamique (70 % actions, 30 % obligations, rendement estimé à 4,7 %), un ancien fumeur pourrait amasser entre 25 383 et 39 287 euros en 10 ans. Et s’il maintient son sevrage jusqu’en 2040 ? Il pourrait alors espérer entre 63 877 et 131 385 euros, selon les projections.
Cela représente un apport immobilier, un placement en bourse, ou encore un départ anticipé à la retraite grâce à un plan d’épargne retraite bien calibré. Comme le souligne Auriol :
Arrêter de fumer n’est pas seulement un choix de santé publique, c’est un choix stratégique de gestion patrimoniale.
Entre les économies directes et les rendements potentiels, arrêter de fumer devient un levier financier aussi puissant qu’un changement de carrière ou une hausse de salaire.
L’œil de l’expert : la double peine
Le tabac n’est pas seulement un fléau sanitaire. C’est une saignée lente mais continue dans le budget des ménages, qui mérite une prise de conscience plus large. Dans un contexte économique tendu, chaque euro compte. Or, fumer aujourd’hui revient à brûler l’équivalent d’un treizième mois pour un salarié moyen.
Si les politiques de santé publique insistent souvent sur les maladies liées au tabac, le discours devrait aussi intégrer cet argument économique, sans ambiguïté : fumer, c’est s’appauvrir volontairement. L’avenir se joue peut-être là, entre un dernier paquet et un patrimoine à bâtir.
