Un été sous tension : ce 1er août 2025 marque un tournant pour les finances des Français. Entre la baisse drastique des taux d’épargne réglementée et le retour d’une TVA pleine sur les abonnements d’énergie, le quotidien budgétaire des Français subit de profondes secousses. Le gouvernement, en suivant les recommandations de la Banque de France et de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), mise sur un alignement des taux et une simplification des dispositifs. Mais derrière ces décisions techniques, ce sont des millions de foyers qui verront leur budget directement impacté. Décryptage.
🏦 L’épargne réglementée perd de son éclat
Dès le 1er août, le taux du Livret A recule brutalement à 1,7 %, contre 2,4 % jusqu’alors. Cette décision, validée par Bercy, suit la recommandation du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui souligne « un niveau d’inflation tombé à 0,88 % au premier semestre ». Une donnée qui pèse lourd dans le calcul du rendement, malgré l’objectif social du Livret A.
Ce livret reste pourtant central dans l’économie nationale : ses encours financent le logement social, la politique de la ville, mais aussi les crédits immobiliers accordés aux bailleurs sociaux et aux PME. Le LDDS, adossé au même taux, est également concerné. Or, ce livret soutient le financement des rénovations énergétiques dans les logements.
Du côté du LEP (Livret d’épargne populaire), réservé aux ménages modestes, le repli est moins brutal : son taux passe de 3,5 % à 2,7 %. « C’est un coup de pouce aux épargnants modestes, car la formule réglementaire aurait conduit à un taux de 2,2 % », précise le ministère de l’Économie.
⚡TVA sur l’énergie : harmonisation européenne
La suppression du taux réduit de TVA à 5,5 % sur les abonnements d’électricité et de gaz est sans doute la réforme la plus explosive de ce mois d’août. Dès à présent, la TVA passe à 20 %, tant sur l’abonnement que sur la consommation. Objectif : se conformer au droit européen qui impose une uniformité fiscale pour un même service.
Cependant, l’État cherche à limiter l’impact :
- L’accise (taxe sur la consommation d’énergie) baisse de 33,70€/MWh à 29,98€/MWh pour l’électricité.
- Côté gaz, l’accise diminue également, de 17,16€/MWh à 15,43€/MWh, suivant une recommandation de la CRE, afin de maintenir la stabilité des tarifs réglementés.
Les factures pourraient donc légèrement grimper à la rentrée, même si les ajustements compensatoires limitent les effets de seuil.
🧾 Sanctions Linky : attention aux réfractaires
Les foyers qui n’ont pas encore installé le compteur Linky paieront désormais un surcoût bimestriel de 6,48 € HT, auquel peuvent s’ajouter 4,14 € HT de frais supplémentaires si aucun relevé de consommation n’a été transmis depuis plus d’un an. Cette mesure vise à internaliser le coût de la gestion manuelle des anciens compteurs.
Le médiateur de l’énergie rappelle :
Pour éviter ces frais, il suffit de transmettre ses index une fois par an ou de faire réaliser un relevé sur site par ENEDIS.
L’objectif reste d’inciter à l’adoption généralisée de Linky pour optimiser la gestion énergétique du réseau et réduire ainsi les coûts logistiques.
👁️ L’œil de l’expert : Un équilibre toujours fragile
Le mois d’août 2025 illustre la complexité de l’équation budgétaire française. D’un côté, l’État cherche à alléger sa charge fiscale, à se conformer aux normes européennes, et à mieux cibler les dispositifs de solidarité. De l’autre, les ménages voient leurs marges de manœuvre se réduire, notamment les plus modestes, malgré des mesures compensatoires sur le LEP ou l’énergie.
La baisse des taux d’épargne, si elle soulage les coûts de financement public, pourrait détourner les Français des produits réglementés, au profit de solutions plus risquées, dans un contexte où l’inflation est maîtrisée mais l’incertitude reste forte.
Une certitude : les arbitrages budgétaires des foyers s’annoncent plus cruciaux que jamais à la veille d’une rentrée qui semble s’annoncer explosive sur le volet social.