Après plusieurs mois de répit, le marché immobilier français pourrait de nouveau être secoué. La stabilité relative des taux d’emprunt observée durant l’été laisse entrevoir une accalmie… mais celle-ci pourrait être de courte durée. En cause : l’incertitude politique à Paris, qui pèse sur la dette souveraine française et, par ricochet, sur les crédits immobiliers. « La remontée des taux, déjà pressentie ces dernières semaines, semble désormais acquise pour les prochains mois », alerte Fabien Monvoisin, fondateur du courtier FiniDeMePriver.com.
🎲 Quand la politique rebat les cartes
Les tensions politiques actuelles pourraient avoir un effet domino sur les Obligations Assimilables du Trésor (OAT) à 10 ans, indicateur clé du financement de l’État. Déjà orienté à la hausse, ce taux est passé de 3,20 % en janvier à 3,54 % fin août 2025.
Déjà au cours de l’été, on constatait des pressions sur l’OAT, du fait du contexte commercial imposé par les Etats-Unis. Mais il est clair que les incertitudes politiques de ces derniers jours viennent amplifier le phénomène, et ce n’est pas bon pour le crédit, d’une manière générale
martèle celui qui est aussi le président de l’enseigne Crédit Conseil de France.
L’histoire récente apporte un contraste : lors de la dissolution en 2024, les banques avaient absorbé une partie de la hausse des taux souverains pour soutenir la reprise. Cette fois, l’équation est différente. Les établissements financiers, moins contraints par des objectifs commerciaux que par la recherche de marge, pourraient choisir de répercuter plus rapidement la tension sur la dette française.
📊 Des banques en position de force
La mécanique de crédit a profondément évolué en un an. Dopée par la baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE), la production de prêts immobiliers a bondi de 47 % fin juin sur un an, passant de 47 à 69 milliards d’euros selon la Banque de France. Résultat : les banques ont déjà atteint, voire dépassé, leurs objectifs annuels.
Et à l’inverse de 2024, les banques n’iront pas chercher de production supplémentaire au détriment de leur marge, elles n’en ont pas besoin aujourd’hui. elles ont pour la plupart atteint leurs quotas.
explique Fabien Monvoisin, qui anticipe des hausses comprises entre 0,10 et 0,20 point. Concrètement, le taux moyen de prêt immobilier sur 15 ans pourrait remonter à 3,40 % dès la rentrée, contre 3,20 % en août. Pour notre expert, il s’agit même d’un tournant :
Les banques devraient profiter de cette période troublées pour changer de braquet et revenir à une position moins souple, en octroyant moins de remises commerciales, même pour les bons profils. L’été est terminé !
renchérit le président de Crédit Conseil de France.
🏠 Un marché sous pression mais pas à l’arrêt
Si cette remontée des taux constitue un frein pour les ménages, elle ne signifie pas pour autant l’extinction des projets. Les experts insistent sur la nécessité d’adopter une approche plus fine : comparer plusieurs établissements, optimiser son apport, ou encore mobiliser les dispositifs publics tels que le Prêt à Taux Zéro (PTZ) et les aides bonifiées.
En revanche, l’instabilité institutionnelle pourrait générer un autre phénomène : l’attentisme. Les incertitudes fiscales et politiques risquent de pousser certains acheteurs à différer leurs décisions, accentuant la fragilité d’un marché encore convalescent.
👁 L’œil de l’expert
L’immobilier français entre dans une phase de vigilance accrue. La stabilisation observée ces derniers mois apparaît désormais comme un plateau temporaire. La combinaison entre un climat politique instable, une dette souveraine sous pression et des banques moins enclines à concéder des taux avantageux laisse présager un resserrement durable des conditions de financement. Dans ce contexte, l’acquisition immobilière reste possible mais demande davantage de préparation, de stratégie et de négociation.