Une crise qui s’installe malgré les tentatives de relance… Le marché français du logement neuf continue de montrer des signes inquiétants. Selon les données provisoires publiées le 20 août 2025 par le ministère de l’Aménagement du territoire, les réservations enregistrées entre avril et juin reculent nettement. Un nouvel indicateur d’un secteur déjà fragilisé par la hausse des coûts de construction, des taux d’intérêt encore lourds et la fin progressive des incitations fiscales comme le dispositif Pinel.
📉 Réservations en recul et stock qui enfle
Entre avril et juin 2025, 15 726 logements neufs ont trouvé preneur, soit un repli de 8,7% sur un an et de 2,3% par rapport au trimestre précédent. Ce troisième trimestre consécutif de baisse met en lumière une dynamique négative bien ancrée.
Les appartements enregistrent une chute de 2,5% (14 821 unités).
Les maisons individuelles résistent mieux, avec une légère hausse de 1,1% (905 unités).
Dans le même temps, les mises en vente progressent de 4,5%, atteignant 18 395 logements. Cette hausse concerne à la fois les appartements (+4,1%) et les maisons individuelles (+11,2%). Résultat : le stock disponible grimpe à 121 270 biens, un chiffre en légère progression par rapport au trimestre précédent (+1,2%), mais qui reste 4,7% en dessous du niveau de 2024.
Autre indicateur préoccupant : les annulations de réservations augmentent de 3,6% en un trimestre, représentant désormais 17,3% des ventes. Même si ce ratio reste inférieur à celui de 2024 (-13,9% sur un an), il traduit une certaine frilosité des ménages face à la conjoncture.
🏦 Le contexte reste encore fragile
Au-delà des particuliers, le repli touche aussi les ventes dites « en bloc », destinées aux bailleurs sociaux et institutionnels. Celles-ci chutent de 6,5% au deuxième trimestre (12 127 unités), et affichent même une dégringolade de 25,6% sur un an.
Cette tendance met en évidence une crise de confiance durable, aggravée par :
la hausse persistante des coûts de construction,
des taux d’intérêt toujours supérieurs à leur moyenne historique, malgré un léger reflux depuis le printemps,
la fin du dispositif Pinel, qui avait longtemps soutenu l’investissement locatif.
Pour tenter d’inverser la courbe, plusieurs mesures ont déjà été mises en place :
élargissement du prêt à taux zéro (PTZ) à l’ensemble du territoire et aux maisons individuelles (depuis le 1er avril 2025),
pistes fiscales évoquées dans un rapport parlementaire de juin pour relancer l’investissement locatif et stimuler la demande.
Mais pour Lindsay James, analyste de Quilter Investors, cité dans le rapport :
Ces dispositifs mettront du temps à produire leurs effets dans un marché marqué par la prudence des acheteurs.
👁️ L’œil de l’expert
Le marché du neuf traverse une zone de turbulences structurelles. Si la détente progressive des taux d’intérêt pourrait redonner de l’oxygène aux acquéreurs, l’ampleur du stock invendu et la défiance des investisseurs institutionnels montrent que la sortie de crise sera longue. Les mesures fiscales et l’élargissement du PTZ ne suffiront pas à compenser, à court terme, l’effet combiné de la hausse des coûts et du désengagement des grands acteurs.
En clair, le redressement du secteur ne se jouera pas en 2025, mais sans doute à horizon 2026, à condition que la confiance des ménages et des investisseurs revienne durablement.