Linkedin CréditNews
Photo d'un jeune couple signant l'offre de prêt pour leur nouvelle acquisition
3 minutes

Crédits immobiliers : le trou d’air de mai inquiète particulièrement les marchés

Après plusieurs mois de rebond, le crédit immobilier replonge. En mai, les banques françaises ont distribué 1 milliard d’euros de prêts en moins qu’en avril, une baisse de près de 9 % selon les dernières données publiées par la Banque de France. En cause ? Un ralentissement du recul des taux, qui pourrait bien préfigurer un nouveau cycle d’attentisme sur le marché du crédit.

🧮 Moins de crédits, malgré des taux mieux orientés

Alors que le printemps devait marquer une reprise franche du financement immobilier, les chiffres de mai viennent briser l’élan. Le volume des nouveaux crédits à l’habitat chute à 11,5 milliards d’euros, contre 12,6 milliards en avril. Il s’agit de la première baisse mensuelle depuis le début de l’année.

Si cette contraction surprend, c’est parce qu’elle intervient dans un contexte où les taux commencent doucement à refluer. En mai, le taux moyen hors assurance est passé à 3,11 %, contre 3,13 % le mois précédent. Mais cette baisse est jugée trop lente par les professionnels.

Nous entrons dans une zone de stabilisation

 estime François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, sur RMC. Pour mémoire, les taux avaient culminé à plus de 4 % en 2023. En comparaison, les conditions de financement semblent aujourd’hui plus favorables. Et pourtant, la machine s’enraye à nouveau. La raison ? Une confiance des ménages encore fragile, des taux d’usure toujours contraignants et un pouvoir d’achat immobilier affaibli.

📊 Une reprise en trompe-l’œil sur fond d’effet de base

À première vue, l’année 2025 avait bien commencé. En glissement annuel, mai enregistre même une hausse nette des volumes de prêts par rapport à mai 2024 : +3,3 milliards d’euros. Mais cette embellie est largement due à un effet de base, rappelle l’Observatoire Crédit Logement/CSA. L’an dernier, le marché du crédit vivait alors une période de quasi-paralysie, étranglé par des taux trop élevés et une politique bancaire ultra-restrictive.

Autrement dit, le rebond de 2025 s’apparente plus à un rattrapage qu’à une dynamique solide. « Le marché est fragile. Il suffit d’un petit accroc sur les taux pour que les emprunteurs se rétractent », commente un courtier francilien.

Et les chiffres le confirment : le coût total d’un crédit de 100.000 euros sur 20 ans s’élève désormais à près de 43.000 euros, frais et assurance inclus. De quoi refroidir les primo-accédants, déjà fragilisés par l’inflation et le recul du pouvoir d’achat.

👁 L’œil de l’expert

Loin d’un véritable rebond, la baisse mensuelle des crédits immobiliers révèle une réalité plus nuancée qu’il n’y paraît. Derrière les chiffres, on observe un marché encore fragile, où les dynamiques restent largement influencées par des comparaisons biaisées avec une année 2024 historiquement atone.

Ce qui semble aujourd’hui une reprise tient davantage à un effet de rattrapage qu’à un redressement structurel du marché. Le ralentissement de la baisse des taux agit comme un rappel : les marges de manœuvre sont limitées, tant pour les emprunteurs que pour les établissements prêteurs.

Dans ce contexte, les futurs acquéreurs doivent adopter une stratégie d’opportunité maîtrisée, fondée sur l’anticipation et la précision budgétaire. Car si la “zone de stabilisation” évoquée par certains devient réalité, elle marquera non pas un retour à l’euphorie, mais une nouvelle norme de financement, plus exigeante, plus sélective — et donc plus stratégique.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français