Contre toute attente, la production industrielle française a enregistré une envolée spectaculaire en juin 2025, surpassant les estimations les plus optimistes des économistes. Selon les données publiées par l’Insee ce mardi 5 août, l’indice global a progressé de +3,8 % sur un mois, tandis que la production manufacturière s’est également hissée de +3,5 %, effaçant largement le repli de mai.
Derrière cette dynamique fulgurante, un moteur principal : le redémarrage massif du secteur aéronautique et spatial, accompagné d’un regain d’activité dans l’énergie, les équipements électroniques et le raffinage. Une embellie conjoncturelle, mais qui ne masque pas la réalité plus contrastée sur un an. Décryptage économique.
✈️ Aéronautique et spatial tirent l’industrie
Le secteur des transports, et tout particulièrement celui des matériels aéronautiques et spatiaux, a joué un rôle décisif dans le rebond industriel de juin. L’Insee parle même d’une « hausse exceptionnelle », avec une production de matériels de transport en hausse de +16,6 % sur le mois, dont +26,7 % pour les autres matériels de transport (aviation, navires, ferroviaire…). En comparaison, le gain n’était que de +0,3 % en mai.
Cette poussée s’explique notamment par un effet de rattrapage, conséquence de retards accumulés au cours du trimestre, ainsi que par la levée de plusieurs goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement, précise l’Insee. Ce relâchement des contraintes a permis à certaines entreprises de reprendre une cadence plus soutenue.
La performance dépasse de loin les projections des experts : les analystes sondés par Reuters anticipaient un modeste +0,6 %. La surprise est d’autant plus forte que, dans le même temps, d’autres secteurs comme l’automobile (+1,1 % en juin) restent plus timides, toujours affectés par des tensions sur les coûts et la demande.
⚡ Des signaux divergents sur le long terme
Autre moteur de cette embellie ponctuelle : la forte reprise des secteurs liés à l’énergie et aux industries extractives, qui affichent une progression de +5,0 % en juin. La remontée s’explique notamment par la sortie de plusieurs arrêts de maintenance dans les raffineries, comme en témoigne la flambée de +21,2 % dans la cokéfaction et le raffinage, après une chute sévère de -7,2 % en mai.
Les biens d’équipement électriques, électroniques et informatiques ont aussi redressé la barre (+4,2 %), tandis que les industries agroalimentaires progressent plus modestement (+0,8 %). En revanche, la production reste stagnante dans les autres branches clés, comme la chimie, la métallurgie ou encore la pharmacie (+0,1 %).
Mais sur un an, le tableau est plus nuancé, voire inquiétant. Si les matériels de transport affichent une hausse robuste de +7,4 %, la plupart des autres secteurs sont en recul : -3,1 % pour l’énergie, -6,8 % pour le raffinage, -1 % pour l’agroalimentaire, ou encore -4,2 % dans la construction. Des chiffres qui témoignent d’un affaiblissement structurel, malgré les soubresauts positifs mensuels.
👁 L’œil de l’expert
Cette embellie industrielle en juin ne doit pas être interprétée comme un signal de retournement durable, mais plutôt comme un rebond technique, porté par des rattrapages logistiques et des effets ponctuels.
L’aéronautique et le spatial confirment leur statut de filières stratégiques, capables de tirer vers le haut l’ensemble du tissu manufacturier français. Mais leur performance exceptionnelle ne peut à elle seule masquer la fragilité des autres branches, qui peinent à retrouver une dynamique soutenue.
Pour reprendre les mots de l’Insee, cette « hausse exceptionnelle » doit inciter à accélérer les investissements industriels, moderniser les filières traditionnelles et soutenir la résilience énergétique. Sans cela, les bons chiffres de juin risquent de rester une parenthèse dans un cycle économique globalement hésitant.