Alors que les économistes espéraient enfin une vraie pause après deux années de tensions sur les prix, une nouvelle vague d’inflation refait surface dans les rayons. Loin des explosions tarifaires de 2023, cette reprise est plus discrète, progressive, presque insidieuse — mais elle s’installe durablement. Selon les données analysées par LSA-Conso et Circana, plusieurs produits du quotidien affichent désormais des hausses à deux chiffres, entraînant un renchérissement significatif du panier de référence des Français.
Cette dynamique, encore modérée en apparence, pourrait bien peser lourd sur l’économie des ménages si elle se poursuit en 2026.
⚙️ La mécanique derrière la nouvelle inflation
Un retour progressif… mais continu – Depuis le printemps 2025, les prix repartent à la hausse à un rythme faible mais constant. LSA-Conso rapporte une augmentation de 1,1 % en septembre, 1,3 % en octobre, puis 1,4 % en novembre sur les produits de grande consommation. Sur huit mois consécutifs, la progression cumulée est nette : l’inflation est passée de 0,3 % à 1,4 %, une évolution que les économistes qualifient de « rampante ».
Cette tendance, loin d’être spectaculaire, est surtout préoccupante par sa persistance. Elle touche un large éventail de produits, mais certains segments subissent des envolées beaucoup plus brutales.
Des produits à deux chiffres à cause des matières premières – Le café, le chocolat et la viande hachée figurent en tête des produits les plus impactés. Selon les données de Circana, les hausses atteignent même +27 % sur le café, +20 % sur le chocolat, et des hausses significatives sont également constatées sur la viande hachée, un produit très consommé par les ménages.
Ces augmentations ne sont pas seulement liées à la demande : elles s’ancrent dans des perturbations profondes sur les marchés des matières premières, entre conditions climatiques extrêmes, tensions logistiques et coûts énergétiques élevés.
Emily Mayer, directrice Business Insights chez Circana, rappelle que le panier suivi par l’institut progresse de 2,4 % en novembre. Elle insiste : « Ce bond n’a rien d’anodin, même s’il reste loin des niveaux observés en 2023 », souligne-t-elle dans LSA.
La distribution de proximité en première ligne – Le phénomène est encore plus visible dans les commerces de proximité, où l’inflation atteint +2,4 %, soit deux fois plus que les autres circuits. Pourquoi ? Parce que ces points de vente absorbent plus difficilement les hausses des coûts logistiques, ainsi que les coûts d’approvisionnement, ou encore la volatilité du prix des matières premières. Résultat : les augmentations y sont plus rapides et plus fortes, et les consommateurs ne peuvent plus les ignorer.
Une pression croissante pour les ménages – Même si la hausse reste « mesurée » au regard des crises précédentes, son caractère lent mais ininterrompu fragilise progressivement le pouvoir d’achat. Les familles voient leur budget alimentaire augmenter mois après mois — sans perspective claire d’accalmie d’ici 2026.
👁️ L’œil de l’expert : une inflation « low noise »
Sous des apparences modérées, cette inflation résiduelle pourrait devenir un véritable problème macroéconomique. Son caractère diffus la rend difficile à contrer et complexifie les stratégies commerciales des distributeurs comme des industriels.
Trois signaux d’alerte se dessinent : Une hausse continue sur plusieurs trimestres, signe que les tensions ne sont pas conjoncturelles. Mais aussi une concentration sur les produits du quotidien, ce qui touche directement les ménages les plus vulnérables. Et enfin une pression accrue dans les circuits de proximité, révélatrice d’un écosystème logistique fragilisé.
Si les tendances observées par Circana et LSA se confirment, 2026 pourrait marquer le retour d’une inflation plus visible — et plus difficile à absorber pour les consommateurs comme pour les distributeurs.
Pour l’heure, la flambée n’est pas explosive… mais elle s’installe. Et c’est précisément ce qui inquiète les économistes.





