Jul fait trembler les stades. Après des mois d’absence, le phénomène marseillais du rap revient en force : deux concerts exceptionnels en 2025, l’un qui s’est déroulé au Stade de France en avril dernier, l’autre au Vélodrome, ce soir. Une montée en puissance orchestrée dans le plus grand secret, des billets aux tarifs de stars internationales, une mise en scène millimétrée… Le « J » ne revient pas, il débarque. Et s’apprête à écrire une nouvelle page de sa légende, entre rêve personnel et fierté marseillaise. Enquête sur un come-back explosif.
⏸ Le silence du « J » : une disparition calculée plus que subie
Il aura fallu attendre le mois de mai pour comprendre les raisons de la disparition numérique de Jul. Depuis janvier, plus aucune trace du rappeur sur Instagram ou X. Une rareté médiatique d’autant plus intrigante que l’artiste de 34 ans, véritable machine à tubes, détient des chiffres vertigineux : 5 milliards de vues sur YouTube, 7,5 millions d’albums écoulés, 26 disques d’or, 22 de platine. Pourtant, selon ses proches, ce retrait est loin d’être une conséquence d’un problème de sécurité :
Il est en plein enregistrement, et ne peut plus se balader tranquillement en ville
confiait-on en mars.
Ce repli serait plutôt lié à la concentration intense qu’exige la préparation de deux événements d’ampleur : un Stade de France le 2025-__avril__-26 et un retour triomphal au Vélodrome de Marseille le 24 mai suivant. Deux dates majeures qui nécessitent bien plus qu’un simple post Instagram.
Malgré des antécédents sécuritaires inquiétants — rappelons que son premier manager fut tué dans un règlement de comptes en 2014 —, Jul, aujourd’hui domicilié dans une résidence surveillée à Marseille, semble tourner cette page sombre de sa carrière. Loin des projecteurs mais jamais loin de sa ville, il reste un soutien discret mais actif pour les associations de quartiers et les hôpitaux locaux.
Deux concerts XXL et un marketing millimétré
C’est dans les colonnes de La Provence que Jul a fait sa réapparition médiatique, annonçant coup sur coup ses deux méga-concerts pour 2025. Le premier se déroulera dans la plus grande enceinte française, le mythique Stade de France (60 000 places), avant de reprendre possession du Vélodrome (80 000 places), théâtre de son seul concert géant en 2022.
L’annonce, faite stratégiquement 48 heures avant l’ouverture de la billetterie, s’est accompagnée d’une affiche au visuel minimaliste mais puissant : fond noir, tenue noire, et ce signe des mains en « J » qui est devenu sa signature. Les fans — la « mif », comme il les appelle — devront s’inscrire en ligne pour recevoir une alerte de mise en vente, preuve de l’engouement que suscitent ces shows millimétrés.
Côté tarifs, la montée en gamme est nette : de 55 à 486 euros pour le Vélodrome selon Adam Concerts, avec pas moins de huit catégories différentes (VIP, carré or, pelouse, etc.), comparables à celles proposées pour Madonna ou Springsteen. En 2022, les prix n’atteignaient pas 70 euros. Inflation ou positionnement stratégique ? Sans doute les deux.
Et pour cause : les billets vendus un an à l’avance constituent une avance de trésorerie cruciale. Ils permettront de financer la location des stades, les cachets des techniciens, la scénographie, et tous les rouages techniques de ces spectacles XXL.
Marseille dans la légende : fierté locale et reconnaissance nationale
⚽ Si Jul revient au Vélodrome, ce n’est pas pour faire de la figuration. Ce stade, il l’a marqué en 2022 lors d’un concert d’anthologie, dans une ambiance digne des soirs de Ligue des champions. Sur le boulevard Michelet, les bars débordaient de monde, les pastis circulaient par dizaines. Jul, arrivé en TMax, dans son iconique survêt-bob-claquettes, avait fédéré la scène marseillaise en invitant Alonzo, SCH, Soso Maness ou encore Naps.
« C’est Marseille bébé », aurait-on pu entendre dans la sono grésillante. Peu importe les imperfections techniques : c’était une déclaration d’amour à sa ville et un hommage aux oubliés, clôturé par un message fort aux détenus. « La musique m’a sorti des Baumettes », a-t-il souvent affirmé.
En annonçant sa première au Stade de France, Jul réalise un rêve qu’il avait déjà exprimé dans Flow Mitraillette (2021) : « Bientôt j’annonce le Stade de France ». Et en août 2023, il confiait sur Instagram : « Je ne te mens pas, j’ai bien envie de faire le Stade de France aussi ». Aujourd’hui, le rêve devient réalité. Il devient le deuxième rappeur marseillais, après Soprano, à gravir ce sommet symbolique. Pour Marseille, c’est un triomphe culturel. Pour Jul, une consécration.
️ L’œil de l’expert : une montée en puissance assumée
Jul prouve une nouvelle fois qu’il n’est pas seulement un artiste à succès, mais un stratège redoutable. Son absence, loin d’être un oubli, s’inscrit dans une logique de montée en tension : raréfier la parole pour mieux marquer les esprits au moment venu. Cette double annonce, appuyée par une communication maîtrisée et des tarifs à la hauteur des géants de l’industrie musicale, montre que Jul ne joue plus dans la cour du rap local, mais bien dans celle des icônes internationales.
