De la K-pop aux cosmétiques, la « Hallyu » s’est imposée comme un phénomène culturel, mais aussi économique en France. Derrière l’explosion médiatique se cache une stratégie d’influence redoutablement efficace, avec des retombées financières massives.
💰 Une industrie culturelle… et très rentable
En août, le groupe Black Pink a enflammé deux soirs de suite le Stade de France, écoulant 160 000 billets en quelques minutes. Une performance hors normes pour un groupe non anglophone, reflet d’une industrie au modèle bien huilé : formation intense des artistes, concept marketing évolutif à chaque album, chorégraphies millimétrées… La K-pop est un produit à haute valeur ajoutée, pensé pour séduire globalement.
Mais la musique n’est que la partie émergée de l’iceberg. Selon une étude menée par Netflix, 61 % des abonnés français affirment mieux comprendre la culture coréenne via ses séries, et 72 % souhaitent désormais visiter la Corée du Sud. Cette curiosité culturelle nourrit un véritable levier touristique et économique.
Le gouvernement coréen a flairé l’opportunité dès les années 2000. Il a injecté des millions d’euros dans la promotion internationale de la culture coréenne (cinéma, mode, beauté, gastronomie…), transformant la Hallyu en arme de soft power assumée. Résultat ? Les exportations de cosmétiques coréens ont bondi à plus de 10 milliards de dollars en 2023, en progression de 20 % sur un an. Et la France n’échappe pas à cette vague.
🧴 La Corée s’implante dans les foyers français
Les K-dramas, longtemps réservés aux plateformes payantes, sont désormais accessibles gratuitement sur M6+, une stratégie saluée par Alix Sambroni, directrice des contenus streaming de la chaîne :
Les K-dramas offrent une fraîcheur narrative qui détonne avec nos formats habituels.
Mélange de romance, de thriller et d’humour, ces séries séduisent un public intergénérationnel et boostent les abonnements aux plateformes. En réponse, Netflix, Disney+ et Prime Video ont intensifié leurs investissements dans les productions coréennes. Résultat : des dizaines de nouvelles séries chaque année et une visibilité mondiale sans précédent.
Autre pilier économique : la K-beauty. Les produits de soin coréens, portés par les influenceurs sur TikTok et Instagram, envahissent désormais les rayons français. Des boutiques spécialisées fleurissent dans tout l’Hexagone, attirant une clientèle jeune, connectée et avide de nouveautés.
La culture coréenne dépasse les métropoles. Le festival « De Bretagne en Corée », organisé à Redon (Ille-et-Vilaine), a réuni 1 000 visiteurs autour de jeux, de cuisine et d’ateliers de danse.
Tout le monde s’est retrouvé autour des jeux façon Squid Game
explique Anne Gonot Bernard, organisatrice, qui souligne l’engouement familial et local au quotidien Ouest-France.
Enfin, Lim Yeong-Hee, traductrice et autrice installée en France depuis deux décennies, observe cette mutation avec fierté :
Ce que la culture coréenne dégage aujourd’hui, c’est du respect, de la curiosité, un vrai intérêt.
👁️ L’œil de l’expert : un soft power maîtrisé
La Hallyu n’est pas un simple engouement culturel, mais une stratégie économique gagnante. En mêlant marketing ultra-ciblé, identité visuelle forte et diversification sectorielle, la Corée du Sud a conquis non seulement les cœurs, mais aussi les marchés étrangers. La France, avec son appétence croissante pour la musique, les séries et les produits coréens, devient un terrain fertile pour cette expansion. Si certains pays exportent leurs voitures ou leurs technologies, la Corée a choisi de vendre ses émotions. Et ça paie.