Alors que les très petites entreprises (TPE) constituent la colonne vertébrale de l’économie française, une nouvelle étude du Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI) révèle une réalité alarmante : près d’un dirigeant sur deux perçoit moins que le Smic, soit moins de 1.426,30 euros nets par mois.
Dans un contexte économique tendu et une conjoncture nationale incertaine, ces artisans, commerçants et entrepreneurs de terrain cumulent 50 heures de travail hebdomadaire et difficultés de trésorerie. Leur moral, au plus bas depuis deux ans, traduit la fragilité structurelle d’un tissu économique essentiel mais négligé.
📉 Revenus en berne, activité en recul
Les chiffres publiés par le SDI dressent un portrait sombre du quotidien des dirigeants de TPE.
▪️Un tiers d’entre eux déclarent percevoir moins de 1.000 euros par mois, malgré un investissement professionnel qui dépasse très souvent 50 heures de travail hebdomadaire.
▪️56 % font face à des problèmes de trésorerie, et 84 % peinent à recruter, ce qui alourdit encore leur charge de travail.
« Nous assistons à une véritable érosion du revenu des indépendants, alors même qu’ils constituent le premier maillon de l’économie réelle », explique Marc Sanchez, secrétaire général du SDI.
L’étude montre également que plus de neuf dirigeants sur dix affichent un moral négatif, un record depuis la création du baromètre il y a deux ans.
Les raisons de cette dégradation sont multiples : ralentissement des commandes, hausse des coûts d’exploitation, marges sous pression, et incertitude politique.
Résultat : 16 % des dirigeants envisagent de cesser leur activité avant la fin de l’année, un signal d’alerte clair alors que les défaillances d’entreprises continuent de progresser depuis le deuxième trimestre.
💥Un choc de confiance en pleine crise
Au-delà des difficultés internes, les TPE subissent de plein fouet l’instabilité de la politique économique française.
Le climat d’incertitude s’est encore accentué après la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu, intervenue à quelques jours de la présentation du budget 2026.
Celui-ci avait promis une réduction de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), un impôt pesant essentiellement sur les PME et industries locales. Mais la plupart des TPE, affichant un chiffre d’affaires inférieur à 500.000 euros, en sont déjà exonérées.
Cette absence de mesures ciblées alimente le sentiment d’abandon de ces dirigeants.
Les TPE représentent près de 10 % du PIB français et emploient 2,6 millions de salariés, mais elles sont les grandes oubliées du débat économique
déplore encore le SDI. Peu tournées vers l’export, ces structures dépendent presque exclusivement de la demande intérieure, rendant leur situation d’autant plus vulnérable aux fluctuations politiques et budgétaires.
👁️ L’œil de l’expert : un maillon vital à réarmer
Les données du SDI rappellent une vérité économique essentielle : sans TPE, pas de tissu productif solide.
Ces entreprises incarnent la proximité, l’emploi local et l’innovation de terrain, mais elles sont aujourd’hui étranglées entre inflation, fiscalité et instabilité réglementaire.
Selon l’économiste Claire Delmas, spécialiste des PME, « l’État devra rapidement envisager un plan de soutien structurel, axé sur le financement, la trésorerie et la simplification administrative ».
À défaut, prévient-elle, « le risque est de voir s’effriter la base même de notre économie réelle ».
En 2025, le défi n’est plus de relancer la croissance, mais de sauver les entrepreneurs qui la font vivre.