Les relations commerciales entre Washington et Brasilia traversent une zone de fortes turbulences. Face aux surtaxes décidées par Donald Trump, le gouvernement brésilien envisage une riposte inédite qui pourrait remodeler l’équilibre des échanges transatlantiques.
🔥 Escalade tarifaire en vue
Brasilia prépare sa réponse. Selon l’AFP, le président Luiz Inacio Lula da Silva a mandaté une étude interne afin d’évaluer la possibilité d’activer la loi sur la réciprocité adoptée en avril. En ligne de mire : les surtaxes américaines de 50 % appliquées depuis le 6 août sur de nombreux produits brésiliens.
La Chambre de commerce extérieur, qui regroupe notamment le ministère du Commerce et de l’Industrie, dispose de 30 jours pour statuer. Si ces mesures américaines sont jugées contraires aux règles de réciprocité, un groupe d’experts élaborera un arsenal de contre-mesures, incluant des droits de douane ciblés contre les exportations américaines.
Pour autant, le gouvernement brésilien n’exclut pas la voie diplomatique. Une source proche du dossier, citée par l’AFP, souligne que :
La porte reste ouverte aux consultations diplomatiques
précisant qu’une notification officielle serait transmise à Washington. De son côté, le vice-président Geraldo Alckmin a exprimé son souhait de sortir de l’impasse :
J’espère que cela permettra d’accélérer le dialogue et la négociation.
📊 Un excédent américain qui change la donne
La singularité de ce bras de fer réside dans le fait que les États-Unis affichent un excédent commercial vis-à-vis du Brésil, contrairement à d’autres partenaires touchés par les surtaxes de Washington. Les importations brésiliennes concernent principalement des moteurs, des machines industrielles et des combustibles, autant de secteurs où l’industrie américaine reste fortement compétitive.
Ce déséquilibre fragilise la position américaine : la riposte de Brasilia pourrait peser directement sur des filières stratégiques pour Washington. Le président Lula n’a pas caché son exaspération face à l’absence de dialogue :
Nous n’avons pu parler à personne, personne aux États-Unis
a-t-il déclaré jeudi. Brasilia a d’ailleurs porté le différend devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dès le début du mois d’août. Sur le plan politique, l’administration Trump justifie ces sanctions par la situation judiciaire de l’ex-président Jair Bolsonaro, poursuivi pour tentative présumée de coup d’État et placé en résidence surveillée. Washington dénonce une “chasse aux sorcières”, un argument qui mélange ouvertement enjeux diplomatiques et contentieux commerciaux.
👁️ L’œil de l’expert : un mélange des genres
Cette confrontation illustre un nouvel usage politique des outils douaniers : derrière l’apparence économique, les surtaxes imposées par Washington traduisent un message diplomatique à peine voilé. Pour le Brésil, la mise en œuvre de mesures réciproques permettrait de rééquilibrer le rapport de force mais comporte un risque : fragiliser encore davantage ses échanges avec son deuxième partenaire commercial.
L’issue dépendra de la capacité des deux pays à renouer un dialogue rapide. Si la confrontation se poursuit devant l’OMC, elle pourrait devenir un précédent marquant dans la gouvernance du commerce international.