Longtemps considéré comme un simple accessoire d’intérieur, le chausson s’impose aujourd’hui comme un véritable phénomène économique et culturel. À la croisée du bien-être, du design et du made in France, il incarne une transformation profonde des habitudes de consommation. Boosté par le télétravail, la recherche de confort et la montée du localisme, le marché du chausson connaît une croissance spectaculaire, redonnant le sourire aux artisans français.
🧦 Le confort comme nouvel argument
Le Covid-19 a marqué un tournant décisif dans la relation des Français à leur intérieur. Télétravail, confinement et quête de douceur ont fait du “cocooning” une valeur refuge. Cette tendance a propulsé le chausson sur le devant de la scène.
Le marché du chausson s’est redoré pendant le Covid, car on pantouflait, donc on s’est dit qu’on pouvait pantoufler autrement
explique Clémentine Colin-Richard, présidente de la Fédération Française de la Chaussure. Ce changement sociétal a eu un impact direct sur les ventes : la demande pour des produits confortables, qualitatifs et durables a bondi. Les chaussons ne sont plus réservés au salon ; ils s’affichent désormais dans la rue, en version “streetwear chic” ou revisités par les marques de luxe.
Des chaussons, on en a toujours eu, mais désormais on l’affiche, car c’est une partie de soi qu’on montre
souligne encore Clémentine Colin-Richard. Au-delà du style, c’est une véritable mutation du marché de la chaussure qui s’opère. En pleine crise du pouvoir d’achat, le chausson reste un achat abordable, rassurant, porteur de sens. Il allie fonctionnalité, émotion et identité, trois leviers puissants dans l’acte d’achat contemporain.
🇫🇷 Le made in France, pilier du succès
Derrière cet engouement se cache une renaissance industrielle. Sur environ 4 millions de paires de chaussures produites chaque année en France, près de 30 % concernent désormais les chaussons, selon la Fédération. Des marques historiques comme Atelier Rondinaud (Charente) ou Plastigom (Sarthe) renaissent grâce à une demande croissante pour le savoir-faire local et la traçabilité.
Le chausson made in France s’appuie sur un positionnement clair : qualité, durabilité et esthétique. Les fabricants innovent en combinant tradition et modernité : laine recyclée, semelles antidérapantes, shearling, modèles hybrides intérieur/extérieur. Résultat : le chausson devient un produit à forte valeur ajoutée, capable de rivaliser avec les grandes marques internationales.
Cette montée en gamme séduit un public plus large, sensible aux questions de développement durable et de production responsable.
Les chaussons s’affichent comme on affiche sa personnalité. Chacun a sa version du chausson
ajoute Clémentine Colin-Richard. Ce glissement vers une consommation identitaire et locale redessine le visage d’une industrie longtemps marginalisée.
👁️ L’œil de l’expert : un marché solide
L’essor du chausson illustre parfaitement la mutation économique vers le bien-être durable. En conjuguant authenticité, innovation et ancrage territorial, le secteur parvient à se différencier dans un contexte de forte concurrence internationale. Les indicateurs sont positifs : croissance du marché, relocalisation de la production et montée du premium.
D’un point de vue stratégique, le chausson coche toutes les cases du succès à long terme : un produit universel, émotionnel, recyclable, soutenu par une identité française forte. Si la tendance du “cosy chic” se confirme, le chausson pourrait bien devenir le nouveau symbole de la consommation post-crise : locale, confortable et engagée.