Encore méconnue du grand public, la marque chinoise Leapmotor commence à s’imposer sur l’échiquier mondial de l’automobile électrique. Après dix ans d’existence et six ans seulement depuis la commercialisation de ses premiers modèles, le constructeur a franchi une étape symbolique au premier semestre 2025 : 4 millions d’euros de bénéfices nets. Pour un acteur longtemps perçu comme un outsider, cette percée n’est pas anodine. Plus encore, elle consolide l’alliance stratégique nouée avec Stellantis, qui voit son pari sur la mobilité électrique chinoise commencer à porter ses fruits.
📈 Forte croissance du protégé Stellantis
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre janvier et juillet 2025, Leapmotor a vendu 271 793 véhicules, soit une progression de 149 % par rapport à 2024. À titre de comparaison, la totalité de l’exercice précédent s’était limitée à 290 000 unités. Cette dynamique s’explique par une stratégie prudente mais efficace : peu de communication tapageuse, pas de surenchère technologique façon records du Nürburgring, mais un déploiement maîtrisé.
Autre signal fort : la capitalisation boursière de Leapmotor a bondi de 244 % en un an, dépassant désormais les 98 milliards de dollars. Si ce chiffre reste encore modeste comparé à des géants comme BYD, valorisé dix fois plus, il illustre la crédibilité acquise par la marque. Comme le souligne l’analyste automobile Zhang Wei :
Leapmotor a trouvé son créneau en s’adressant à la classe moyenne avec des produits fiables et compétitifs, là où d’autres brûlent du cash pour conquérir le haut de gamme.
L’adossement à Stellantis constitue un autre levier majeur. Grâce à son partenaire, Leapmotor bénéficie d’un accès rapide à un réseau commercial élargi, notamment en Europe, marché stratégique mais encore moins saturé qu’en Chine. De plus, une partie de la production sera relocalisée sur le continent afin de contourner les barrières douanières et d’alléger les contraintes fiscales, même si, comme le rappelle l’article original, l’« éco-score français ne leur fait pas de cadeau ».
🚙 Gamme accessible et ambitions mondiales
Contrairement à ses rivaux Xiaomi, Xpeng ou BYD, qui visent le premium ou la performance technologique, Leapmotor privilégie la simplicité : une gamme réduite, mais couvrant les besoins les plus stratégiques du marché. La citadine T03 illustre cette logique, en se positionnant parmi les modèles électriques neufs les plus abordables en France, bien que concurrencée par la Dacia Spring. Sur le segment très disputé des SUV familiaux, les C10 et B10 sont déjà en lice, en attendant la compacte B05, annoncée pour le salon de Munich en septembre.
Cette montée en puissance pourrait permettre au constructeur d’atteindre son objectif affiché de 500 000 ventes en 2025, ce qui renforcerait mécaniquement ses bénéfices. Comme le résume l’analyste Chen Li :
Leapmotor ne cherche pas à briller, mais à durer. Sa stratégie repose sur un équilibre entre accessibilité, fiabilité et expansion maîtrisée.
👁️ L’œil de l’expert
L’ascension de Leapmotor illustre parfaitement la recomposition du marché automobile mondial. Le constructeur incarne une troisième voie entre les géants hypercapitalisés et les acteurs de niche, en misant sur l’accessibilité et une implantation internationale progressive. Pour Stellantis, qui dispose d’une porte d’entrée privilégiée sur le marché chinois tout en exportant la marque en Europe, l’enjeu est clair : transformer cette success story émergente en levier durable de rentabilité dans la transition électrique. Le vrai test sera de savoir si Leapmotor peut consolider ses marges sans perdre son positionnement « accessible », tout en affrontant une concurrence chinoise toujours plus agressive.