Le mois d’août approche et avec lui le spectre de la rentrée universitaire. Cette période s’accompagne de plus en plus d’une angoisse qui revient alors hanter des milliers d’étudiants : trouver un logement abordable dans un marché locatif sous haute tension. Entre flambée des prix, raréfaction de l’offre et désengagement des bailleurs, la situation atteint un seuil critique, notamment dans les grandes métropoles comme Paris ou Lyon. Alors que la pression monte, le déséquilibre entre offre et demande prend une tournure alarmante sur le plan économique et structurel.
💥L’étudiant face à la loi de l’offre et de la demande
Le marché du logement étudiant 2025 confirme une tendance devenue structurelle : un déficit criant de biens disponibles face à une demande qui explose. À Lyon, ville universitaire par excellence avec près de 190 000 étudiants, la situation est jugée « particulièrement complexe » cette année.
Selon LocServices, la ville figure parmi les trois marchés les plus saturés de France pour la cinquième année consécutive. Entre les périodes universitaires 2021-2022 et 2023-2024, la tension locative y a bondi de 21,5 %.
Témoignage de terrain : Zoé, étudiante en communication, illustre cette pression. Malgré une veille constante sur les annonces, elle peine à décrocher un logement :
Je regarde tous les jours, dès que j’ai un moment, mais les meilleures annonces partent en quelques minutes
confie-t-elle à France Info. Son cas n’est pas isolé : en moyenne, un bien mis en location reçoit entre 50 et 60 mails dans les 30 premières minutes, affirme Alexia Gelasse d’Angelo, directrice d’agence.
Cette course effrénée à la location s’explique aussi par un facteur moins visible mais tout aussi puissant : le retrait progressif de nombreux propriétaires du marché. En cause ? Le plafonnement des loyers, notamment à Lyon, qui aurait eu un effet dissuasif. Un professionnelle nous explique :
Lorsqu’ils ont dû réactualiser leurs loyers, ils ne couvraient parfois plus leur crédit. Ils ont préféré vendre. Résultat : moins de biens à louer.
💸 Loyers en hausse et pouvoir d’achat en recul
En parallèle d’un marché tendu, les coûts de location poursuivent leur hausse, pesant lourdement sur le budget des étudiants. À l’échelle nationale, le loyer moyen en 2024 s’élève à 560,31 €, mais atteint 598 € à Lyon, soit une hausse significative dans un contexte d’inflation persistante.
Le studio visité par Zoé est affiché à 565 €, une somme qui représente déjà près de la moitié du budget mensuel d’un étudiant non boursier. Une colocation, aujourd’hui souvent présentée comme la seule alternative viable, nécessite toutefois une organisation logistique et administrative rigoureuse, notamment en ce qui concerne les garants, justificatifs de revenus et dépôt de dossier.
Selon la plateforme Oqoro, le nombre moyen de candidatures par chambre atteint 7,6 au niveau national, avec des pics à 12,6 à Paris et 11,5 à Lyon, des chiffres qui confirment l’asphyxie du marché locatif étudiant.
👁️ L’œil de l’expert
Ce phénomène de tension locative accrue illustre plus qu’une simple difficulté passagère : il met en lumière les failles systémiques du marché immobilier français, où régulation et retrait des investisseurs peinent à trouver un équilibre. Alors que la demande étudiante reste structurellement élevée, la rareté de l’offre alimente une inflation masquée des loyers, contournant même parfois les plafonds via des frais annexes ou des pratiques de sélection opaques.
Face à cette crise, les solutions passent par une refonte ambitieuse de la politique du logement étudiant : incitations à la mise en location, développement massif de résidences universitaires, fiscalité adaptée aux bailleurs, mais aussi meilleure régulation des plateformes locatives. Faute de quoi, la précarité étudiante risque de devenir une norme plus qu’une exception.