Le constructeur britannique Lotus traverse une zone de fortes turbulences. Alors que ses ventes s’effondrent et que les droits de douane américains pèsent lourdement sur ses exportations, la marque iconique annonce une restructuration radicale qui menace plus de 40 % de ses effectifs au Royaume-Uni.
📉 Une restructuration douloureuse
Lotus a confirmé un plan de réduction drastique de ses effectifs : jusqu’à 550 postes pourraient disparaître, soit plus de 40 % des 1 300 salariés britanniques. Dans un communiqué transmis à l’AFP, la firme a justifié cette décision comme étant « nécessaire pour assurer un avenir durable à l’entreprise dans un environnement automobile en constante évolution ».
Cette annonce intervient dans un contexte particulièrement tendu. Depuis avril, les constructeurs britanniques subissent la politique protectionniste de Donald Trump, qui a relevé brutalement les droits de douane pour inciter à relocaliser la production automobile aux États-Unis. Résultat : les exportations vers le marché américain se sont effondrées au deuxième trimestre.
Un accord bilatéral conclu fin juin a certes réduit les droits sur les véhicules britanniques de 27,5 % à 10 %, mais uniquement dans la limite de 100 000 voitures par an. Même allégée, cette taxe reste bien supérieure aux conditions préexistantes et continue de fragiliser la compétitivité des marques anglaises.
Selon le Financial Times, Lotus envisage désormais d’implanter une partie de sa production directement aux États-Unis afin de contourner ces barrières tarifaires. Une hypothèse qui, si elle se confirmait, marquerait un tournant stratégique majeur pour le constructeur.
⚡ Et une transition électrique à haut risque
Sur le plan financier, Lotus n’a pas réussi à compenser ces turbulences commerciales. La marque, cotée à New York, doit publier ses résultats semestriels mais les signaux sont déjà préoccupants : ses ventes ont reculé de plus de 40 % au premier trimestre 2025. En cause, une transition délicate vers une nouvelle génération de modèles électriques, qui exige de lourds investissements tout en réduisant l’offre disponible sur le marché.
Si les pertes opérationnelles se sont réduites grâce à une baisse des charges, la réalité industrielle est plus complexe. Le site historique de Hethel, dans le Norfolk, reste au cœur de l’activité sportive et d’ingénierie, mais l’usine chinoise de Wuhan – détenue directement par la maison mère Geely – pourrait gagner en importance au détriment du Royaume-Uni.
Pour apaiser les inquiétudes, Lotus a tenu à réaffirmer sa présence locale : « Le Norfolk restera le siège de Lotus pour les voitures de sport, le sport automobile et le conseil en ingénierie », insiste la direction. Pourtant, la perspective de licenciements massifs illustre la difficulté croissante des constructeurs européens à rester compétitifs dans un marché mondial où la fiscalité, les chaînes logistiques et l’électrification bouleversent les équilibres établis.
👁️ L’œil de l’expert : paris risqués
La situation de Lotus incarne un dilemme plus large pour l’industrie automobile britannique. Les constructeurs doivent absorber simultanément trois chocs :
La montée du protectionnisme américain et la dépendance aux exportations outre-Atlantique.
Une transition vers l’électrique qui pèse lourdement sur les marges et perturbe les gammes traditionnelles.
Une concurrence accrue de l’Asie, capable de produire à moindre coût et de sécuriser ses approvisionnements stratégiques.
Sans adaptation stratégique rapide, Lotus risque d’entrer dans une spirale de pertes, où chaque baisse de ventes accentue la pression sur l’emploi et réduit les marges de manœuvre financières. Pour survivre, la marque devra probablement accélérer son internationalisation industrielle tout en réussissant sa mutation électrique, un double pari à haut risque.