Le marché de l’automobile en France reste fragile. En septembre 2025, les immatriculations de voitures neuves ont progressé de +1 %, mais uniquement grâce à un jour ouvré supplémentaire. Sur l’ensemble de l’année, la baisse atteint encore -6,25 %, confirmant une tendance lourde : la demande reste déprimée, les prix découragent les ménages et la transition vers l’électrique se heurte à de sérieuses limites.
📉 Ventes atones et constructeurs sous tension
Avec 140.354 immatriculations recensées en septembre, le marché ne retrouve pas son souffle. Comme le souligne le cabinet AAA Data, ce fragile équilibre n’est dû qu’au calendrier : « c’est uniquement grâce à un jour ouvré supplémentaire que le marché reste à flot ».
Le président de la PFA, Luc Chatel, résume la situation sans détour : « on vend en moyenne 160.000 véhicules en septembre, on en a vendu 140.000 le mois dernier ». Résultat : par rapport à 2019, avant la crise sanitaire, les immatriculations plongent de près de 20 %.
Les constructeurs français dominent toujours, mais dans un contexte contrasté. Stellantis et Renault détiennent chacun 25,7 % du marché. Mais alors que Renault affiche une hausse de 6,5 % en septembre, Stellantis accuse une stagnation et voit ses ventes chuter de -9,47 % depuis janvier. Conséquence : le groupe aux 14 marques doit recourir au chômage partiel dans plusieurs sites européens, dont trois usines françaises dès octobre.
À cela s’ajoute une contrainte de fond : la hausse des prix. Pour Grégory Caret, directeur des études à l’UFC-Que Choisir, « les prix sont dissuasifs », ce qui pousse les consommateurs à se rabattre sur les modèles les plus abordables. Résultat, les gammes économiques représentent désormais 56 % des ventes depuis le début de l’année.
⚡ Transition électrique : des ambitions à la réalité
La bascule vers l’électrique progresse, mais trop lentement. En septembre, les voitures 100 % électriques ont atteint 22 % des immatriculations, contre 18,3 % sur les neuf premiers mois. L’hybride reste en tête, tandis que les motorisations thermiques, y compris GPL, ne représentent plus que 3 % du marché.
Pour Marie-Laure Nivot, analyste chez AAA Data, « la nouvelle formule du bonus électrique pour les particuliers donne déjà des résultats positifs ». Mais le cap fixé par Bruxelles semble hors d’atteinte. Luc Chatel alerte : « il faudrait vendre 25 à 26 % de véhicules électriques dès cette année pour tenir la trajectoire vers 2035. On voit bien que nous n’y arriverons pas. La vérité des prix s’impose ».
Car derrière la politique d’incitation, la réalité économique est implacable : les véhicules électriques restent chers, freinant leur adoption massive. Dans ce contexte, la filière risque un retard structurel face aux objectifs européens, avec en toile de fond une dépendance accrue aux importations de batteries et aux chaînes d’approvisionnement internationales.
👁️ L’œil de l’expert : un double défi
Le marché automobile français se trouve dans un étau économique : d’un côté une demande comprimée par la flambée des prix et le ralentissement du pouvoir d’achat, de l’autre une transition écologique indispensable mais qui reste coûteuse pour les ménages comme pour les industriels. La dynamique actuelle révèle une fragilité double : financière, avec des constructeurs contraints de réduire la voilure, et stratégique, avec un retard inquiétant sur les objectifs de 2035. Sans une baisse rapide des coûts des véhicules électriques et un soutien massif à l’innovation industrielle, la France risque de voir son marché automobile s’éroder durablement, tout en perdant son avantage compétitif face à ses concurrents européens et asiatiques.