Depuis sa réouverture en décembre 2024, la cathédrale Notre-Dame de Paris ne cesse d’attirer les foules. Plus de 6 millions de visiteurs ont déjà franchi ses portes en six mois. Mais au-delà du symbole spirituel et architectural, le monument incarne aujourd’hui un enjeu économique majeur pour la capitale et l’État. Avec une cadence de fréquentation qui dépasse celle d’avant l’incendie, Notre-Dame s’impose à nouveau comme une machine touristique – et financière – de premier plan.
Un moteur économique en pleine ascension
Notre-Dame de Paris est aujourd’hui le monument le plus visité de France
a affirmé Mgr Olivier Ribadeau Dumas dans La Tribune Dimanche, ce week-end, précisant que l’édifice attire en moyenne 35 000 personnes par jour. Cette dynamique place déjà la cathédrale devant les autres fleurons culturels français tels que le musée du Louvre (8,7 millions de visiteurs en 2024), le château de Versailles (8,4 millions) ou la tour Eiffel (6,3 millions).
En rythme annuel, la fréquentation pourrait atteindre 12 millions d’entrées en 2025. Soit un record absolu, dépassant même les chiffres d’avant 2019, où le monument accueillait environ 11 millions de visiteurs par an. À ce stade, il ne s’agit plus simplement d’un effet émotionnel post-incendie :
Chaque mois, la fréquentation s’accroît d’environ 1 000 personnes par jour
insiste Mgr Ribadeau Dumas. Ce boom touristique génère des retombées économiques considérables pour les secteurs hôteliers, de la restauration, du transport et du commerce de proximité.
️ Une restauration colossale, un financement fragile
Derrière cette success story touristique se cache un chantier titanesque. L’État, épaulé par des donateurs du monde entier, a déjà collecté 846 millions d’euros pour remettre en état ce joyau gothique. Grâce à ces fonds, les grandes étapes ont été franchies : la nef a été sécurisée, la voûte restaurée, et la flèche surmontée à nouveau de ses célèbres statues.
Mais la rénovation est loin d’être achevée. Selon Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, « il reste encore près de 140 millions d’euros » à dépenser. Pire « Il nous manque encore au moins l’équivalent » pour finaliser la restauration. Face à ce déficit, un nouvel appel aux dons a été lancé via le site rebatirnotredamedeparis.fr.
Ce déséquilibre budgétaire souligne l’importance de maintenir l’attractivité économique du site. La reprise des visites des tours prévue le 2025-__septembre__-20 pourrait booster les recettes de billetterie. Par ailleurs, l’allongement des horaires d’ouverture, l’organisation d’événements culturels et la diversification de l’offre touristique (expositions, produits dérivés, expériences immersives) constituent des leviers prometteurs.
L’œil de l’expert
L’afflux massif de visiteurs à Notre-Dame confirme que les monuments historiques peuvent aussi devenir des actifs économiques majeurs lorsqu’ils sont gérés avec stratégie. Le cas de Notre-Dame montre que l’investissement dans le patrimoine génère des retours tangibles, tant en notoriété qu’en flux financiers. Toutefois, la dépendance aux dons privés interroge : le modèle de financement devra être repensé pour pérenniser cet élan.