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Patrimoine des ménages : les Français 9% plus riches en dix ans

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Les nouvelles données de l’Insee révèlent une hausse généralisée du patrimoine… mais aussi un creusement marqué des écarts entre les catégories sociales. Analyse économique et enjeux financiers.

Une France plus riche… mais plus inégale. Le dernier panorama statistique publié par l’Insee met en lumière une évolution structurante du patrimoine des ménages. En une décennie, la richesse globale des Français a progressé, portée en grande partie par la valorisation immobilière et la consolidation de l’épargne financière. Mais derrière cette embellie moyenne, les disparités entre les catégories patrimoniales se sont nettement renforcées, rappelant la nécessité d’une réflexion profonde sur l’efficacité — et la cohérence — de la fiscalité du capital.

💰 Une hausse portée par l’immobilier et  la valeur des actifs

Selon l’Insee, le patrimoine brut moyen atteint 374 900 € début 2024, une progression notable sur dix ans, même corrigée de l’inflation. L’immobilier constitue toujours la pierre angulaire de cette richesse : 61 % du patrimoine des ménages provient de la valeur de leur logement ou de leur investissement locatif. Viennent ensuite le patrimoine financier (22 %), les actifs professionnels (11 %), et ce que l’institut désigne comme le patrimoine résiduel (6 %), c’est-à-dire véhicules, biens durables, équipements domestiques.

L’étude révèle également que la moitié des Français possède plus de 205 000 € de patrimoine brut, un patrimoine médian qui a progressé de 9,3 % depuis 2015. Après déduction des dettes — qui concernent 46 % des ménages et représentent souvent plus de 49 000 € — le patrimoine net médian atteint tout de même 148 100 €, en hausse de 9,7 %.

Un phénomène notable : les ménages les plus modestes affichent eux aussi une progression de leur patrimoine brut, avec une hausse de 12,7 %, même si cette augmentation concerne essentiellement des actifs résiduels (automobile, mobilier…).

📊 Les 10 % les plus riches captent 48 % du patrimoine total

Si la richesse moyenne progresse, les écarts entre classes patrimoniales, eux, se creusent. L’Insee rappelle que « les inégalités de patrimoine sont nettement plus fortes que les inégalités de niveaux de vie ». Les chiffres sont sans appel : 50 % des ménages détiennent 93 % du patrimoine total, les 10 % les plus riches concentrent à eux seuls 48 % de l’ensemble des actifs. L’étude nous apprend également que les 1 % les plus fortunés dépassent 3,02 millions d’euros de patrimoine brut.

Cette dynamique rejoint l’alerte récente du Conseil des prélèvements obligatoires, rattaché à la Cour des comptes, et relayé par Capital. Dans son rapport, l’institution qualifie la fiscalité patrimoniale française de « forte, complexe, inégalitaire et peu efficace », appelant à une refonte globale du système.

La progression du patrimoine des plus aisés sur dix ans est spectaculaire avec une croissance de +15 % pour les 10 % les plus fortunés, et encore de +23 % pour le top 1 %; des hausses bien supérieures à celle du patrimoine médian.

À l’inverse, les Français appartenant aux classes intermédiaires (entre les 20 % les plus modestes et les 70 % les plus riches) ont vu leur patrimoine reculer légèrement : -0,25 % sur la période.

Chez les plus modestes, la structure patrimoniale diffère radicalement puisque 68 % de leur patrimoine est constitué d’actifs résiduels. Ils disposent massivement d’un Livret A (deux ménages sur trois), et ils sont deux fois moins nombreux que la moyenne à détenir une assurance-vie (18 % contre 42 % globalement).

Ils sont également davantage fragilisés par l’endettement : 29 % de leur patrimoine brut correspond à des emprunts, principalement des crédits à la consommation, là où les ménages plus aisés disposent majoritairement de crédits immobiliers, jugés plus « productifs » économiquement.

👁️ L’œil de l’expert : vers une réforme inévitable ?

L’embellie patrimoniale globale cache une réalité structurelle : les ménages les plus aisés bénéficient davantage des hausses d’actifs que le reste de la population, en particulier sur les marchés financiers et immobiliers. L’économie française continue donc de s’organiser autour de la valorisation des patrimoines existants, plus que de l’accumulation par les revenus.

Cette configuration renforce mécaniquement les écarts, ce qui explique pourquoi les institutions publiques intensifient leurs appels à une refonte de la fiscalité du patrimoine, devenue un angle mort stratégique.
Si rien ne change, la fracturation patrimoniale risque de devenir l’un des principaux défis macroéconomiques de la décennie.

Written by
Fabien Monvoisin

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français

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