Et si la relance du marché auto passait par les citadines ? Alors que le marché automobile européen peine à retrouver son souffle face à la montée des prix, à l’inflation technologique et à une régulation de plus en plus contraignante, Renault relance le débat autour des petites voitures abordables. Luca de Meo, directeur général du groupe, a profité d’une conférence organisée par le Financial Times pour plaider en faveur d’une refonte des règles encadrant le segment A, ces véhicules urbains de moins de 4 mètres. Objectif : redonner à l’Europe une alternative accessible à l’heure où la taille des voitures gonfle… tout comme leur prix. ⚙️
Vers une renaissance des citadines ? Renault et Stellantis appellent à desserrer l’étau réglementaire
Dans une intervention particulièrement remarquée lors de la conférence « Future of the Car« , Luca de Meo a dressé un constat sans appel : les citadines ont quasiment disparu des radars du marché automobile européen. « Dans les années 1980, la moitié des voitures vendues faisaient moins de 4 mètres. Aujourd’hui, c’est à peine 5 % », a-t-il déclaré, chiffres à l’appui. Une dégringolade qui, selon lui, n’a rien d’inéluctable… à condition d’adapter le cadre réglementaire.
Le patron de Renault propose de s’inspirer du modèle japonais des « kei cars », ces petites voitures conçues pour l’usage urbain, très populaires au Japon et soumises à un régime réglementaire spécifique, plus souple. Selon lui, un tel système pourrait stimuler l’innovation sur le segment A, réduire les coûts de production et offrir une solution concrète à la crise du pouvoir d’achat en Europe.
Cette vision est partagée par John Elkann, président de Stellantis, qui a également pris la parole durant la conférence. Lui aussi estime que moins de réglementation permettrait de proposer des véhicules plus accessibles, une nécessité selon lui si l’on veut éviter une bifurcation vers un marché à deux vitesses, où seuls les plus aisés pourraient encore s’offrir un véhicule neuf. ⚖️
Car aujourd’hui, la tendance générale va à l’encontre de cette logique. Les normes environnementales, de sécurité et de connectivité deviennent si lourdes à intégrer qu’elles pénalisent particulièrement les petits modèles, peu rentables malgré leur potentiel commercial. Le paradoxe est frappant : alors que la transition écologique suppose des véhicules plus compacts, plus sobres et moins coûteux, la réglementation actuelle pousse les constructeurs vers des véhicules toujours plus lourds, chers et complexes.
Pour Luca de Meo, il est urgent d’agir si l’on veut éviter que les citadines ne deviennent un luxe oublié. À travers sa proposition, il esquisse un projet industriel mais aussi social, où l’automobile abordable resterait un droit et non un privilège.
️ L’œil de l’expert : la citadine, oubliée des politiques publiques ?
Ce plaidoyer pour une simplification des règles appliquées aux petites voitures révèle une crise plus large de l’industrie automobile européenne : son incapacité à concilier innovation, transition écologique et accessibilité.
En s’alignant sur un modèle comme celui des kei cars japonais, l’Europe pourrait reconquérir un segment stratégique, réduire son empreinte environnementale et relancer un marché en perte de vitesse. Encore faut-il que la volonté politique suive.
L’appel de Luca de Meo ne doit pas rester lettre morte : c’est une alerte lucide sur les dérives d’une réglementation uniforme, qui pénalise les véhicules les plus vertueux en matière de compacité et de sobriété. La petite voiture pourrait bien être la grande oubliée de la mobilité durable.
