Le moteur du prestige allemand tousse. Le constructeur Porsche AG, symbole du luxe automobile, subit un net ralentissement de ses ventes mondiales sur les neuf premiers mois de 2025. En cause : une chute spectaculaire de la demande en Chine, son deuxième marché, couplée à un environnement concurrentiel sans précédent et à une pression économique croissante sur les marges. Résultat : un titre en Bourse qui dévisse de plus de 40 % en un an, menaçant la présence du groupe au DAX 30, l’équivalent du CAC 40 en Allemagne.
📉 Un marché chinois en panne
Entre janvier et septembre 2025, Porsche a livré 212 509 véhicules, soit une baisse de 6 % sur un an. Si les ventes progressent encore de 5 % en Amérique du Nord, le reste du monde tire la marque vers le bas. Et surtout, la Chine, jadis moteur de croissance du constructeur, s’effondre : –26 % sur la période.
Nous nous attendons à ce que l’environnement de marché reste difficile à l’avenir
confie Matthias Becker, membre du directoire chargé des ventes et du marketing, dans un communiqué. Ce recul n’est pas isolé. Après BMW et Mercedes-Benz, Porsche est la dernière victime du raz-de-marée chinois, dominé désormais par des acteurs locaux comme BYD et Xiaomi, plus agressifs sur les prix et l’innovation technologique. La perte de parts de marché dans le premier marché automobile mondial se double d’un effet domino : BMW a déjà revu à la baisse ses prévisions de bénéfices, illustrant un secteur sous tension.
À cela s’ajoutent les droits de douane américains, une stagnation persistante en Europe et le retard technologique des modèles électriques allemands. Malgré des milliards d’euros investis dans les batteries, les premiers véhicules n’ont pas trouvé leur public, tandis que la “nouvelle génération” ne sera pas disponible avant 2026. En conséquence, les constructeurs réduisent la production, suppriment des milliers d’emplois et ralentissent leurs coûteux programmes de recherche.
Face à cette crise industrielle, le gouvernement allemand tente de réagir. Berlin a annoncé une aide de 3 milliards d’euros pour soutenir la filière électrique, mais les dirigeants dénoncent toujours la lourdeur administrative et le coût énergétique du pays. Une réunion cruciale avec le chancelier Friedrich Merz doit définir une stratégie de relance pour sauver ce fleuron industriel, symbole du savoir-faire “Made in Germany”.
Sur les marchés financiers, la sanction est immédiate. L’action Porsche a perdu 51 % depuis son introduction et 40 % sur un an, quand sa rivale Ferrari affiche une envolée spectaculaire de +160 % depuis 2022. Une comparaison cruelle qui souligne la fragilité du modèle allemand face à la dynamique italienne, plus ancrée sur le luxe émotionnel et la rentabilité.
👁️ L’œil de l’expert
Le ralentissement de Porsche révèle un changement d’équilibre mondial dans l’automobile premium. Là où les marques allemandes misaient sur la puissance mécanique et la qualité d’ingénierie, les acteurs asiatiques imposent désormais la vitesse d’innovation et la compétitivité énergétique. Tant que Porsche ne transformera pas ses investissements en rentabilité sur l’électrique et ne rétablira pas sa position en Chine, la pression boursière restera intense.
Le constructeur devra concilier transition technologique, rentabilité et image de marque — un virage à haut risque pour un emblème du luxe mécanique européen.