La morosité économique s’installe durablement dans l’Hexagone. Alors que l’inflation, les incertitudes politiques et la lente reprise de la croissance pèsent sur le moral des ménages, 65 % des Français se disent aujourd’hui inquiets pour leur avenir financier, selon une récente enquête menée par Goliaths.io auprès de plus de 3 000 personnes. Pire, près d’un sur deux anticipe une dégradation de sa situation dans les 12 prochains mois. Pourtant, dans ce climat anxiogène, un mouvement d’émancipation financière semble émerger : une majorité de Français déclare vouloir reprendre le contrôle de leur budget. Entre peur de l’avenir et volonté d’agir, la population semble osciller entre prudence et résilience.
📉 Moral en chute libre : la défiance progresse
Le baromètre économique de Goliaths.io illustre un pessimisme croissant : 27 % des Français se disent “très inquiets” et 38 % “plutôt inquiets”, soit un total de 65 % de la population. Seuls 9 % affichent encore une réelle confiance dans leur situation.
Une tendance qui s’explique par la dégradation du climat politique et économique, dans un contexte d’instabilité gouvernementale qui fragilise la perception de l’avenir.
Comme le souligne le rapport de Goliaths.io, « l’économie française traverse une zone de turbulences prolongée, où l’incertitude devient la norme ». Cette défiance s’observe également dans les projections à court terme : 48 % des personnes interrogées estiment que leur confiance financière se détériorera dans les douze prochains mois. À l’inverse, seuls 2 % des sondés espèrent une amélioration “nette” de leur situation.
Cette défiance s’inscrit dans un contexte plus large de pression sur le pouvoir d’achat, identifié comme la principale préoccupation de 38 % des ménages, selon la 14ᵉ édition du baromètre Cofidis. Les Français estiment qu’il leur faudrait 507 euros supplémentaires par mois pour “vivre correctement” — un chiffre qui résume à lui seul la fracture entre réalité économique et perception du confort de vie.
💪 Reprendre le contrôle de leurs finances
Malgré cette inquiétude, un signal encourageant émerge : plus d’un Français sur deux affirme vouloir mieux gérer son argent. Si 27 % disent déjà s’occuper “activement” de leurs finances, une majorité se dit prête à passer à l’action dans les mois à venir. Cette dynamique traduit une volonté de réappropriation du pouvoir économique individuel, en réponse à la fragilité du contexte national.
La transformation des habitudes se manifeste aussi dans les attentes : les Français recherchent désormais un accompagnement hybride, mêlant conseil humain et solutions numériques.
41 % privilégieraient encore un conseiller bancaire traditionnel,
9 % feraient appel à un cabinet de gestion de patrimoine,
tandis que 24 % se tournent vers des plateformes 100 % digitales.
Enfin, 17 % misent sur l’autoformation à travers des applications éducatives, des podcasts ou des vidéos dédiées à la gestion de budget.
Cette évolution traduit un basculement sociétal : le rapport à l’argent devient plus conscient, plus technologique, mais aussi plus stratégique. La “financiarisation” du quotidien s’impose comme un levier de résilience face à l’incertitude.
👁️ L’œil de l’expert : vers une double dynamique
Pour les économistes, cette situation illustre une bifurcation sociétale majeure. D’un côté, une France inquiète, fragilisée par la stagnation des salaires réels et l’érosion du pouvoir d’achat ; de l’autre, une population plus proactive, désireuse d’investir, d’apprendre et de mieux piloter ses ressources.
Selon plusieurs analystes, cette double dynamique pourrait accentuer les inégalités économiques si les dispositifs d’éducation financière ne se démocratisent pas rapidement.
En clair, l’inquiétude est collective, mais la capacité d’action reste inégalement répartie.
Dans ce climat d’instabilité, l’enjeu pour les pouvoirs publics et les institutions financières sera donc de favoriser l’autonomie budgétaire sans accentuer la fracture entre les “formés” et les “délaissés” de la finance personnelle.