Comme chaque année, le mois de novembre rime avec ajustements réglementaires et nouveautés économiques. Cette année 2025 ne fait pas exception : entre la nouvelle trêve hivernale, la refonte des heures pleines et creuses d’électricité et le plafonnement des frais de succession, plusieurs mesures auront un impact direct sur le pouvoir d’achat des ménages et la gestion patrimoniale. Derrière ces changements techniques se jouent aussi des enjeux budgétaires et énergétiques majeurs, dans un contexte de tensions sur les prix et de réformes financières successives.
🔌Vers une électricité plus “intelligente”
À compter du 1er novembre 2025, les plages horaires des heures creuses évoluent. L’objectif affiché par le gouvernement : aligner la consommation d’électricité sur les pics de production renouvelable, notamment solaire. Selon Service Public, cette adaptation vise à « encourager une consommation plus responsable, en phase avec la production énergétique disponible ».
Concrètement, les heures creuses d’hiver (du 1er novembre au 31 mars) seront désormais concentrées entre 23 h et 7 h, avec un minimum de cinq heures consécutives. En été, elles basculeront en journée (11 h à 17 h), période correspondant aux pics de production solaire. C’est Enedis qui gère cette réorganisation, en ajustant les compteurs à distance selon les spécificités locales du réseau. Les usagers n’ont, eux, aucune démarche à effectuer.
Ce changement, d’apparence technique, a pourtant une portée économique majeure : il renforce la flexibilité du réseau électrique français, un levier essentiel à l’heure où la consommation résidentielle pèse pour plus de 30 % de la demande nationale. En poussant les foyers à décaler leurs usages (chauffe-eau, lave-linge, charge de véhicules électriques), l’État espère limiter les tensions sur les prix de gros de l’électricité et mieux amortir les hausses tarifaires futures.
Dans le même temps, la trêve hivernale démarre ce 1er novembre et s’étendra jusqu’au 31 mars 2026. Pendant cette période, toute expulsion locative est suspendue, sauf dans certains cas spécifiques (occupation illégale, violences conjugales, relogement possible). Une mesure sociale emblématique, mais aussi coûteuse : chaque hiver, près de 100 000 décisions d’expulsion sont gelées, ce qui reporte d’autant les encaissements de loyers pour les bailleurs et fragilise certains petits propriétaires. Le gouvernement assume ce compromis social au nom de la « protection des plus vulnérables », selon la ministre déléguée au Logement.
💶 Succession : un allègement sous surveillance
Autre réforme d’ampleur : à partir du 13 novembre 2025, les frais bancaires liés au règlement d’une succession seront plafonnés à 850 €, quel que soit le montant détenu par le défunt. Ce décret du 14 août 2025 met fin à la règle précédente, qui autorisait les banques à facturer jusqu’à 1 % des avoirs. Une avancée notable pour les familles, notamment modestes, confrontées à des démarches parfois longues et onéreuses.
Cette mesure, présentée par Bercy comme « une avancée concrète pour le pouvoir d’achat patrimonial », introduit aussi des cas de gratuité : pour les petits comptes ou les successions simples, aucune facturation ne sera autorisée. Le plafond sera indexé chaque année sur l’inflation, selon les données de l’Insee.
Derrière ce geste symbolique, l’enjeu financier est réel : les banques françaises percevaient jusqu’ici près de 250 millions d’euros de frais de succession par an. Ce plafonnement réduira donc une source de revenus, mais devrait être compensé par une meilleure image auprès du grand public et des régulateurs. Les établissements devront néanmoins absorber une hausse de charge administrative sur les successions complexes, ce qui pourrait, à terme, être répercuté ailleurs.
Enfin, dans une logique de prévention et de transparence, un nouvel affichage obligatoire entrera en vigueur le 19 novembre 2025 dans tous les établissements sportifs. Ils devront afficher les coordonnées de Signal-Sports, la cellule nationale de lutte contre les violences et discriminations dans le sport. Une mesure symbolique mais emblématique de la volonté gouvernementale d’élargir la régulation à de nouveaux champs sociétaux.
👁️ L’œil de l’expert
Derrière ces réformes du quotidien se cache une même logique : rééquilibrer les flux économiques et énergétiques en France. Les heures creuses réformées participent d’une gestion plus fine du réseau électrique, essentielle à la stabilité du système face à la montée des renouvelables. Le plafonnement des frais bancaires, lui, marque une tension entre rentabilité financière et équité sociale, à l’heure où les marges bancaires sont déjà compressées par la baisse des taux.
En somme, le 1er novembre 2025 consacre une évolution structurelle : celle d’un État arbitre entre protection des ménages, transition énergétique et stabilisation des revenus financiers. Un tournant discret, mais révélateur de la nouvelle grammaire économique française.




