À partir de septembre 2025, les couples mariés et pacsés ne seront plus soumis automatiquement au taux de prélèvement à la source du foyer fiscal. Désormais, le fisc appliquera par défaut un taux individualisé, redistribuant différemment le poids de l’impôt entre conjoints. Une réforme qui ne modifie pas le montant global versé à l’État, mais qui bouleverse la répartition au sein du ménage.
Selon la Direction générale des finances publiques (DGFiP), près de 1,8 million de foyers avaient choisi, avant la date limite du 5 juin, de conserver le taux du foyer. Mais pour la majorité, ce nouveau mécanisme entrera en vigueur directement sur la fiche de paie de septembre.
🔎 Redistribution de la charge fiscale dans les couples
La réforme vise à corriger une inégalité bien connue : la répartition de l’impôt dans les ménages où les revenus diffèrent fortement.
Exemple donné par la DGFiP : dans un couple sans enfant, où l’un gagne 3 500 € nets imposables par mois et l’autre 1 600 €, le taux du foyer (5,8 %) impose chacun de façon uniforme. Résultat : la conjointe à revenu plus faible verse actuellement 93 € par mois au fisc, son mari 203 €.
Avec le taux individualisé, le tableau change totalement :
le conjoint le mieux rémunéré sera imposé à 8,3 % (soit 290 € prélevés),
tandis que l’autre ne paiera que 6 € (taux de 0,4 %).
L’impôt total du couple reste inchangé à 296 € mensuels, mais la répartition interne est rééquilibrée.
Une mesure perçue comme plus juste socialement, notamment pour les femmes, souvent moins rémunérées. Comme le rappelle la DGFiP :
Cette évolution permet de mieux refléter la contribution de chacun, en proportion de ses revenus.
⏳ Comment ajuster son taux de prélèvement
Si vous souhaitez conserver le taux du foyer, il est toujours possible de le demander via le service en ligne « Gérer mon prélèvement à la source » sur impots.gouv.fr.
Cependant, la mécanique fiscale impose un délai technique :
toute modification est transmise immédiatement à l’employeur,
mais celui-ci dispose de 60 jours pour l’appliquer sur la fiche de paie.
Ainsi, une demande faite avant le 18 septembre sera visible sur la paie d’octobre au plus tard. La DGFiP précise que « dans la majorité des cas, les changements réalisés avant le 18 du mois sont intégrés dès le mois en cours ».
La flexibilité reste donc totale : les couples peuvent alterner entre taux du foyer et taux individualisé, selon leur stratégie financière.
👁️ L’œil de l’expert : la justice fiscale
Cette réforme n’aura aucun impact sur le budget global de l’État, mais elle constitue une avancée majeure en matière de justice fiscale intra-ménage. En allégeant la pression sur les conjoints les moins rémunérés, elle favorise une perception plus équitable de l’impôt et redonne du pouvoir d’achat à une partie des salariés.
D’un point de vue économique, cette mesure pourrait même avoir des effets indirects sur la consommation, en libérant du revenu disponible chez les foyers à bas revenus. Toutefois, la complexité du dispositif (choix entre taux individualisé et taux foyer, délais d’application) risque de créer des incompréhensions et d’exiger une pédagogie accrue de la part des autorités fiscales.
En résumé, cette évolution illustre une tendance plus large : celle d’un impôt mieux adapté aux réalités économiques individuelles, sans renoncer à l’efficacité budgétaire.