Le verdict est tombé à Oslo ce vendredi 10 octobre à 11 h : le Prix Nobel de la Paix 2025 a été attribué à Maria Corina Machado, figure emblématique de l’opposition vénézuélienne. L’Académie norvégienne a salué son combat acharné pour la démocratie, la liberté d’expression et les droits civiques au Venezuela, un pays plongé depuis des années dans une crise politique et économique profonde. Cette distinction marque un tournant symbolique dans l’histoire récente du pays sud-américain — et relègue au second plan des candidats très médiatisés, à commencer par Donald Trump, qui espérait décrocher le prestigieux prix.
✊ Une militante face à un régime autoritaire
À 57 ans, Maria Corina Machado incarne depuis plus d’une décennie la résistance au régime chaviste. Ancienne députée et fondatrice du parti Vente Venezuela, elle s’est imposée comme l’une des voix les plus fermes contre Nicolás Maduro et les atteintes répétées aux libertés fondamentales. Selon le comité Nobel, elle a été récompensée pour son « engagement constant en faveur de la démocratie et de la dignité humaine, dans un contexte de répression systématique ».
Cette distinction vient souligner l’importance du combat démocratique dans un pays en crise : hyperinflation galopante, exode massif et effondrement du tissu productif ont plongé le Venezuela dans l’une des pires récessions du continent. En saluant Machado, le comité envoie un message fort aux régimes autoritaires, tout en rappelant que la paix ne se résume pas à l’absence de guerre, mais repose aussi sur la justice politique et sociale.
Parmi les 338 candidats en lice, plusieurs personnalités figuraient parmi les favoris : Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, Ioulia Navalnaïa, veuve de l’opposant russe Alexeï Navalny, ou encore des organisations humanitaires telles que Reporters sans frontières et Sudan’s Emergency Response Rooms. Mais c’est finalement la ténacité et la constance de Maria Corina Machado qui ont fait la différence.
🌍 Une décision à portée géopolitique mondiale
Cette édition 2025 du Prix Nobel de la Paix a également pris une dimension politique inattendue. Plusieurs observateurs, notamment en Europe et aux États-Unis, avaient vu dans la candidature de Donald Trump un potentiel coup médiatique. L’ancien président américain, soutenu par Benyamin Netanyahou, espérait capitaliser sur son annonce d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, saluée mais jugée trop récente pour justifier une récompense d’une telle portée.
Le choix du comité norvégien, en préférant une opposante d’Amérique latine à des leaders politiques influents, renoue avec l’esprit originel d’Alfred Nobel : honorer celles et ceux qui défendent la fraternité entre les peuples au péril de leur liberté. Comme le stipule le testament du fondateur, le prix distingue « la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué à la fraternité entre les nations et à la promotion de la paix ».
Cette annonce intervient alors que la saison Nobel touche à sa fin, après les distinctions en médecine, physique, chimie et littérature. Elle s’achèvera lundi à Stockholm avec la remise du Prix Nobel d’économie, clôturant une semaine de reconnaissance mondiale de l’excellence scientifique et humaniste.
👁️ L’œil de l’expert
Pour les analystes internationaux, cette récompense n’est pas seulement symbolique : elle pourrait redonner une légitimité internationale à l’opposition vénézuélienne et peser sur les futures négociations diplomatiques. En pleine recomposition géopolitique mondiale, le comité Nobel envoie un signal clair : la paix durable passe avant tout par la démocratie, la liberté et la justice sociale.
Avec ce prix, Maria Corina Machado rejoint la lignée des lauréats qui ont marqué l’histoire – de Nelson Mandela à Malala Yousafzai – et rappelle que, même face à la répression, le courage politique peut devenir un instrument de paix.