Dans un contexte économique tendu, les surgelés reprennent du terrain dans les foyers européens, et plus particulièrement français. Alliant praticité, économies et lutte contre le gaspillage, ces produits deviennent une réponse stratégique aux contraintes budgétaires et logistiques. Le dernier baromètre signé Nomad Foods révèle une véritable mutation des habitudes alimentaires, où le congélateur devient un pilier de la planification domestique.
❄️ Une consommation en hausse et des comportements bien français
Derrière l’apparente banalité d’un sachet de haricots verts ou d’un filet de poisson pané se cache une révolution discrète mais puissante. Selon le 1er baromètre européen de Nomad Foods, 38 % des Français consomment des produits surgelés entre deux et quatre fois par semaine, et près de 21 % en consomment entre cinq et neuf fois, soit presque chaque jour.
La France dépasse ainsi la moyenne européenne. Cette particularité s’explique en partie par la culture culinaire tricolore, où l’on préfère encore cuisiner à partir d’ingrédients bruts plutôt que de plats déjà préparés. Résultat : plus de légumes, viandes et poissons surgelés dans les paniers, moins de plats tout faits. Cette autonomie culinaire alimente une stratégie d’achat plus rationnelle et efficace.
La donnée la plus révélatrice : près d’un Français sur deux (49%) organise désormais ses courses selon la place disponible dans son congélateur. Un comportement révélateur d’une planification alimentaire de plus en plus structurée dans un cadre économique parfois contraint.
Le froid comme remède au gaspillage et à l’inflation
L’essor des produits surgelés s’inscrit dans une dynamique économique et technologique forte. En période de pression budgétaire, la congélation permet de maîtriser les coûts : les prix sont généralement plus stables que ceux des produits frais, et la durée de conservation limite les pertes.
Autre facteur clé : la réduction du gaspillage alimentaire, enjeu sociétal majeur. Les familles, notamment au Royaume-Uni, y sont particulièrement sensibles. Conserver les restes, stocker les surplus ou portionner les repas devient un réflexe facilitateur… et économique.
Ce succès est aussi technique. L’émergence des appareils comme les airfryers ou les blenders contribue à banaliser l’utilisation des surgelés, permettant des préparations rapides, saines et personnalisées. Ces innovations accompagnent une forme de réconciliation entre technologie et alimentation raisonnée, sans concession sur le goût ou la qualité nutritionnelle.
Enfin, l’universalité des produits surgelés permet un accès immédiat à des ingrédients hors saison, contournant les aléas climatiques et les ruptures d’approvisionnement. Une flexibilité qui devient précieuse dans une chaîne logistique encore parfois fragile.
️ L’œil de l’expert : l’achat anti-gaspi?
Le retour en grâce des surgelés n’est pas un simple phénomène de mode, mais le symptôme d’une réorganisation profonde des modes de consommation, à la croisée de contraintes économiques, écologiques et sociales. La hausse de leur usage indique que le rapport au temps, à la cuisine et à la dépense évolue rapidement chez les Français.
Du côté des industriels, cette tendance encourage à investir davantage dans l’innovation produit et la durabilité des emballages. Pour les distributeurs, cela signifie repenser l’offre en linéaire congélateur, souvent sous-valorisée. Pour les consommateurs enfin, c’est une réponse moderne à une équation simple : bien manger, souvent, sans gaspiller, et à moindre coût.
