Un an après sa reprise, en juillet 2024 par le fonds d’investissement britannique Greybull Capital, le sidérurgiste français Novasco, anciennement Ascometal, a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Strasbourg, le lundi 11 août 2025, mettant en péril 760 emplois sur quatre sites industriels en France, fait face à de graves difficultés financières, menaçant l’avenir de l’un des derniers producteurs français d’aciers spéciaux.
💰 90 millions d’euros promis, 1,5 injecté
En juillet 2024, Greybull Capital reprenait Novasco, promettant un investissement de 90 millions d’euros, en complément des 85 millions d’euros d’aides publiques allouées par l’État (45 M€ en 2024, puis 40 M€ prévus en 2025). L’objectif affiché était clair : relancer durablement l’entreprise et mettre en place un plan de sauvegarde crédible, incluant des investissements ciblés dans des secteurs complémentaires à l’automobile, tels que la mécanique, l’énergie ou encore la défense afin de préserver un outil de production considéré comme stratégique pour la filière sidérurgique française.
Mais dans un contexte économique fortement dégradé, Greybull a progressivement gelé ou reporté ses apports, invoquant un manque de visibilité et l’absence de garanties suffisantes de retour sur investissement. En réalité, le fonds n’aurait injecté que 1,5 million d’euros, une somme jugée « totalement insuffisante » par le syndicat.
Le représentant syndical CGT de l’usine de Hagondange (Moselle) déclarait la semaine passée :
Nous avons été trahis. Les promesses d’investissement n’ont pas été respectées et les salariés paient les pots cassés
Le tribunal a rapidement fixé une date limite pour déposer des offres de reprise à fin septembre 2025, après avoir constaté que la trésorerie de l’entreprise ne permettrait de tenir que jusqu’à « fin septembre début octobre »
⚠️ Enjeux industriels et sociaux
Le redressement judiciaire de Novasco soulève des enjeux industriels et sociaux majeurs pour la France. Sur le plan industriel, cette procédure menace la pérennité d’une filière stratégique de l’acier haut de gamme, essentielle notamment pour les secteurs de la défense, de l’aéronautique et de la transition énergétique. La perte de ces capacités industrielles affaiblirait un peu plus l’autonomie productive du pays, dans un contexte où la réindustrialisation est pourtant affichée comme une priorité nationale.
Face à cela, ce sont 760 emplois en danger, entraînant des répercussions en chaîne sur les sous-traitants, les familles et les collectivités locales.
Perdre Novasco, c’est perdre une pièce essentielle de la souveraineté industrielle française
alerte un cadre du ministère de l’Économie.
👁 L’œil de l’expert : résister ou plier ?
La faillite de Novasco révèle les dérives de la financiarisation de l’industrie. En misant sur des fonds d’investissement à court terme comme Greybull Capital, l’État a exposé une filière stratégique à un risque majeur de désindustrialisation. Ce cas met en lumière l’incapacité du capital financier à soutenir des activités industrielles à forte intensité de capital et à long cycle de rentabilité. Pour préserver sa souveraineté économique, la France doit repenser ses outils de reprise industrielle en privilégiant les acteurs industriels engagés sur le long terme, et non les logiques spéculatives. Novasco est un signal d’alarme pour toute la filière métallurgique européenne.