Une rentrée sous haute tension pour le portefeuille des ménages. Chaque mois de septembre, les familles françaises se retrouvent confrontées à la même épreuve : absorber le coût de la rentrée scolaire. Mais en 2025, la facture atteint des sommets inédits. Alors qu’en 2015 le ministère de l’Éducation évaluait le coût moyen à 760 € par enfant, il dépasse désormais 1.300 € selon les dernières estimations. Inflation persistante, hausse des frais annexes et pression sociale autour des activités extrascolaires expliquent cette flambée qui inquiète autant les parents que les économistes.
🧾 La facture s’alourdit d’année en année
La rentrée 2025 s’annonce une nouvelle fois coûteuse pour les ménages français. Selon les dernières données disponibles, le coût annuel de la scolarisation d’un enfant atteint désormais 1.315 € en moyenne, contre 760 € en 2015. Cette hausse traduit non seulement l’effet durable de l’inflation post-Covid, mais aussi une progression structurelle des dépenses liées à l’éducation.
L’étude réalisée en 2022 par la Cnaf auprès de 2.024 bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) révèle des écarts frappants. Un quart des familles parvient à limiter ses frais à moins de 785 € par enfant, tandis que 25 % dépensent au moins 1.693 €. Le reste se situe autour de la médiane : 1.230 €.
Les principaux postes de dépenses sont révélateurs des pressions financières :
Vêtements : 370 € par an
Cantine : 335 € annuels
Fournitures scolaires : 146 € par enfant
Ainsi, les frais alimentaires et vestimentaires pèsent autant que l’ensemble du matériel éducatif, une donnée qui souligne la fragilité des budgets familiaux.
⚠️ Revenus, inégalités et vulnérabilité
Si les coûts explosent, toutes les familles ne sont pas touchées de la même manière. L’étude pointe une corrélation nette entre niveau de revenu et montant dépensé. Les foyers disposant de moins de 1.250 € mensuels dépensent en moyenne 943 € par enfant, tandis que ceux ayant un revenu compris entre 1.250 € et 1.750 € atteignent 991 €. Pour les familles plus aisées (au-delà de 1.750 €), la dépense grimpe légèrement à 1.026 €.
La Cnaf nuance toutefois cette lecture :
La hausse est modérée par le fait que les familles ayant les revenus les plus élevés parmi les bénéficiaires de l’ARS ont davantage d’enfants en moyenne
observe-t-elle, précisant que les activités extrascolaires et l’accueil périscolaire expliquent l’écart.
Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus sombre. Une famille sur deux bénéficiaire de l’ARS est monoparentale, ce qui accroît la vulnérabilité financière. Pour faire face, certaines ménages n’ont d’autre choix que de recourir au crédit ou à la solidarité familiale : 16 % des familles empruntent ou sollicitent de l’aide, un chiffre qui bondit à 24 % chez les foyers les plus modestes.
👁️ L’œil de l’expert
La rentrée scolaire agit comme un révélateur économique et social. Loin d’être un simple rituel, elle met en évidence l’inflation rampante qui pèse sur les ménages, et la manière dont les inégalités de revenus façonnent les choix éducatifs et extrascolaires. Si les aides publiques comme l’ARS amortissent une partie du choc, elles ne suffisent plus à compenser la hausse structurelle des coûts.
Le constat est clair : à l’heure où le pouvoir d’achat reste au centre des débats, le budget scolaire devient un enjeu macroéconomique et politique, pesant autant sur la consommation des ménages que sur leur endettement. Plus qu’une dépense ponctuelle, il s’agit désormais d’un marqueur durable des inégalités sociales en France.