Alors que le prix des carburants et des péages continue de grever le budget des foyers français, une tendance s’accentue chaque été : celle de délaisser les autoroutes au profit des routes nationales. Un arbitrage dicté par la volonté d’économiser sur les frais de déplacement, même au prix de trajets plus longs. Mais cette stratégie est-elle réellement rentable ? Décryptage économique d’un phénomène de plus en plus marqué.
💶 Jusqu’à 85 € d’économie : un vrai levier budgétaire
Une majorité de Français (65 %), selon une étude Ifop relayée par Capital le 29 juillet 2025, privilégie l’économie d’argent plutôt que le gain de temps sur la route des vacances. Et ce choix est loin d’être marginal sur le plan financier. D’après les données de Roole, croisées avec les estimations de ViaMichelin, un itinéraire Paris-Nice permettrait de réduire la facture de 85 € en évitant les péages, au prix d’un allongement de trajet de 5h30.
Pour les grandes distances estivales — vers Biarritz, Marseille ou Arcachon — les économies oscillent entre 59 € et 71 €, détaille l’étude. Cela représente un véritable levier pour les ménages dont les départs en vacances sont conditionnés à des contraintes financières de plus en plus fortes.
En revanche, tous les trajets ne présentent pas un même rapport coût/temps. Ainsi, pour un Lyon-Montpellier, la renonciation à l’autoroute n’offre « que » 30 € d’économies, mais avec un surcroît de seulement 1h45 de route. Sur des parcours plus courts, l’écart économique est donc moindre, mais peut rester intéressant à l’échelle d’un aller-retour.
⛽ Le type de véhicule change la donne
Mais les péages ne sont qu’une partie de l’équation. Le coût réel d’un trajet dépend également du type de véhicule utilisé, du style de conduite et, surtout, du point de départ géographique. Ainsi, selon Capital, rejoindre la Bretagne depuis Paris peut s’avérer nettement plus coûteux que si l’on part de l’Ouest de la France. La structure du réseau autoroutier, souvent concentré dans certaines zones, accentue ces disparités.
Par ailleurs, un véhicule lourd ou mal optimisé en consommation pourra annuler en partie le gain réalisé sur les péages. Les routes nationales, souvent plus sinueuses, plus lentes et ponctuées d’arrêts, peuvent accroître la consommation de carburant. Enfin, le temps perdu sur des itinéraires secondaires peut aussi se traduire par une hausse indirecte des dépenses, notamment si l’on prévoit des pauses supplémentaires ou une nuit d’hôtel sur la route.
En clair, l’économie de 50 à 80 € doit être pesée face à l’ensemble des paramètres cachés, qu’il s’agisse de la fatigue, du coût énergétique ou de l’usure du véhicule.
👁️ L’œil de l’expert : un calcul à faire
Opter pour les routes nationales peut représenter une économie non négligeable, en particulier sur les longues distances et pour les familles voyageant en nombre. Cependant, ce choix doit être éclairé par une évaluation globale du coût du trajet, au-delà des seuls péages.
En période de forte inflation, ce type d’arbitrage témoigne d’un changement de comportement des consommateurs : recherche d’optimisation, acceptation de la contrainte temporelle, et retour à une mobilité plus flexible. Reste à voir si ces pratiques s’inscriront durablement ou s’effaceront avec une éventuelle stabilisation des prix.