Alors que la question du bien-être au travail et de la productivité refait surface dans les débats publics, la semaine de 4 jours séduit de plus en plus, portée par des enjeux de bien-être et de performance. Selon l’Ifop, en France, 60 % des actifs y sont favorables, et certaines entreprises l’ont déjà adoptée. Mais si les gains humains sont clairs, les impacts économiques varient selon les secteurs.
📈 Une adoption croissante, mais encore minoritaire
La France s’inscrit dans un mouvement européen en faveur de la semaine de 4 jours, mais reste pour l’instant en retrait en matière d’adoption effective. Si l’idée séduit — plus de 62 % des salariés français se déclarent favorables à ce mode de travail selon une étude IFOP de 2025 — sa mise en œuvre demeure marginale. Aujourd’hui, moins de 0,2 % des salariés travaillent selon ce format, soit environ 10 000 personnes, principalement dans des PME ou collectivités expérimentales.
Au Royaume-Uni, un vaste programme pilote a été lancé en 2022 avec 61 entreprises et près de 3 000 employés. À l’issue des six mois d’expérimentation, 92 % des entreprises ont décidé de poursuivre la semaine de 4 jours, convaincues par les gains en productivité, la baisse de l’absentéisme et la satisfaction des salariés. En 2025, plus de 200 entreprises britanniques ont intégré ce modèle de façon permanente.
✅ Quel impact sur le marché de l’emploi ?
La semaine de 4 jours soulève plusieurs interrogations :
- Marché de l’emploi : En théorie, si la réduction du temps de travail était généralisée, elle pourrait entraîner une hausse de l’emploi, comme lors du passage aux 35 heures dans les années 2000. Mais cela suppose que les entreprises recrutent pour compenser les heures perdues ou d’une meilleure réorganisation mais cela dépend de leur capacité à le faire sans perte de compétitivité
- Productivité nationale : Le principal risque serait une baisse globale de la production si la productivité ne compense pas le temps de travail réduit. Toutefois, la France a historiquement une productivité horaire élevée, ce qui donne une marge de manœuvre.
- Coût pour les finances publiques : Si la mesure devait s’accompagner d’aides ou d’exonérations pour les entreprises, son coût budgétaire pourrait être important. À l’inverse, une amélioration du bien-être au travail pourrait réduire les dépenses liées aux arrêts maladie ou aux burn-out.
Il est important de noter que la semaine de 4 jours ne convient pas à tous les secteurs. Dans l’industrie, les soins ou la logistique, une réduction du temps de travail suppose une réorganisation plus complexe et souvent des coûts supplémentaires. En revanche, dans les services, le numérique ou les métiers intellectuels, elle est plus facilement applicable.
👁 L’œil de l’expert : entre performance, flexibilité, bien-être
La semaine de 4 jours en France s’inscrit dans un mouvement global de redéfinition du travail, porté par les attentes des nouvelles générations, la quête de sens et la transition écologique. Si ses bénéfices sur le bien-être sont indéniables, son déploiement à grande échelle devra surmonter des défis économiques majeurs, notamment en matière d’organisation du travail et de compétitivité. L’enjeu est désormais de trouver un modèle souple, sectorisé et équitable, capable d’allier qualité de vie et performance économiqu