En quelques années, le snacking s’est imposé comme une tendance incontournable dans les supermarchés français. Sandwichs, salades, plats préparés… les Français privilégient désormais la pause déjeuner rapide et pratique, à la fois économique et diversifiée. Selon Bernard Boutboul, président de Gira Conseil, « à 13 heures, la queue n’est plus devant les restaurants, mais aux caisses des supermarchés ». Ce phénomène représente un véritable enjeu économique et stratégique pour les enseignes, avec des marges significatives et un potentiel de croissance majeur.
🏪 Supermarchés : nouvel eldorado du snacking
Le snacking hors domicile représentait plus de 100 milliards d’euros en 2024, en hausse de 1,9 % sur un an, selon Circana Food Service. Parmi les principaux acteurs, les boulangeries tirent leur épingle du jeu :
Le sandwich reste le produit phare mais ne représente plus que 40 % des ventes
précise Bernard Boutboul. Les 28 000 boulangeries françaises génèrent 10,6 milliards d’euros, dont près de 55 % proviennent du snacking. Les supermarchés ont également su capitaliser sur cette tendance. Carrefour y consacre 10 % de son chiffre d’affaires via les rayons frais et kiosques à sushis, tandis que le segment snacking du Groupe Casino (Monoprix, Franprix) représente 14 % du chiffre d’affaires. « Il y a vraiment une ultra-concurrence de la non-restauration, avec un service à table devenu minoritaire », souligne Bernard Boutboul.
⏱️ Rapidité, praticité et offre diversifiée
La première raison du succès du snacking en supermarché est la praticité. Les consommateurs, citadins et actifs, recherchent des solutions rapides et accessibles : « il s’agit d’un public avec un mode de vie accéléré, peu de temps pour déjeuner », explique Bernard Boutboul. Monoprix confirme :
Le snacking permet de limiter le casse-tête des repas en proposant des solutions clés en main.
L’offre proposée évolue tout au long de la journée : petit-déjeuner, déjeuner, pause gourmande et même dîner. Les rayons s’enrichissent chaque année de 10 à 15 nouvelles références, et certains magasins innovent avec des espaces boulangerie ou des bars à plats asiatiques et méditerranéens. Franprix propose jusqu’à 2 000 références de restauration à emporter, avec des produits frais et parfois chauds (quiches, pizzas, paninis).
Monoprix va plus loin avec des espaces de restauration sur place, offrant places assises et plats préparés sur place. Toutefois, cette solution reste marginale, limitée par la réglementation et les contraintes d’aménagement.
🥗 Un modèle économique gagnant
Le prix reste un facteur déterminant pour le consommateur : les produits en supermarché sont environ 10 % moins chers que dans les boulangeries traditionnelles ou les chaînes de restauration rapide. Monoprix assure que 100 % de ses sandwiches baguette sont à moins de 5 euros, tandis que Franprix propose un repas complet à 5,50 euros. Le ticket moyen s’établit à 4,80 euros pour le repas et 1,80 euro pour les boissons, avec la possibilité de régler via les tickets-restaurant (utilisés dans 30 % des cas).
L’enjeu économique pour les enseignes est énorme : le snacking représente 58 % du chiffre d’affaires de la restauration hors domicile, selon Gira Conseil, et le Groupe Casino vise à atteindre 50 % de son chiffre d’affaires via la restauration à emporter d’ici dix ans. La marge est attractive, les consommateurs fidèles, et le marché en expansion constante.
👁️ L’œil de l’expert
Pour les analystes du secteur, le snacking en supermarché représente une transformation profonde des habitudes alimentaires et économiques : moins de temps passé à table, des repas clé en main et des marges importantes pour les enseignes. Comme le résume Bernard Boutboul :
Le snacking est aujourd’hui devenu un mode de consommation à part entière qui touche toute la France.
Les supermarchés ont ainsi réussi à concilier praticité, prix compétitif et rentabilité, confirmant que la pause déjeuner ne se prend plus forcément au restaurant.