Le partenariat entre La Poste et la plateforme chinoise Temu déclenche une véritable tempête politique. Ce rapprochement, censé faciliter la livraison des milliers de colis venus d’Asie, est jugé par beaucoup comme une menace directe pour les commerçants français. En première ligne, Serge Papin, ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat, dénonce une initiative « contraire à l’intérêt national » et promet de la faire annuler.
Alors que les centres-villes se vident et que la concurrence des géants du e-commerce s’intensifie, le gouvernement cherche à rétablir un équilibre économique et fiscal entre acteurs locaux et mastodontes internationaux.
✊ La résistance du commerce français
On est en train de se faire envahir, je pèse mes mots, il faut qu’on résiste
a martelé Serge Papin sur TF1. Derrière cette formule choc, le ministre décrit un phénomène d’asphyxie du commerce local, aggravé par la domination croissante de plateformes comme Temu ou Shein, qui expédient des millions de colis à bas coût, sans supporter les mêmes charges que les commerçants français.
Le gouvernement planche désormais sur une taxe de 2 euros par article importé à partir de 2026, une mesure destinée à compenser cet avantage compétitif déloyal. Serge Papin pointe également le paradoxe des consommateurs :
Le matin, on commande sur Temu depuis son canapé, et l’après-midi on s’étonne de voir autant de rideaux tirés dans nos centres-villes.
Le constat est sans appel : près de 15 % des commerces de proximité sont aujourd’hui fermés, un chiffre symbolique d’un modèle économique en crise, miné par la digitalisation et la surconsommation low-cost.
📦 La Poste dans la tourmente
L’accord entre La Poste et Temu illustre la tension entre logique économique et responsabilité sociale. « Je suis surpris, déçu, étonné », a réagi Serge Papin, précisant qu’il dénoncera cet accord dès que son contenu aura été examiné par Roland Lescure, ministre de l’Industrie.
Pour lui, il est inacceptable qu’une entreprise publique contribue à renforcer des acteurs qui menacent le tissu commercial français.
Cette polémique intervient alors que la France débat de l’avenir du commerce physique et de sa souveraineté économique. Papin a également ravivé la controverse autour de l’installation de Shein au BHV à Paris, estimant que “ce projet n’a rien de compatible avec les ambitions de revitalisation urbaine”.
Le ministre relie directement cette offensive à un enjeu plus large : la protection de l’économie réelle face aux dérives d’un capitalisme algorithmique mondialisé.
👁 L’œil de l’expert : vers un nouveau modèle de souveraineté économique ?
Pour Marc Delattre, économiste du commerce international, « cette crise traduit une fracture croissante entre le commerce de proximité et les plateformes globales ». Selon lui, les États n’ont désormais d’autre choix que de repenser les règles du jeu fiscal et logistique :
La réaction du gouvernement français, si elle se confirme, pourrait marquer un tournant protectionniste assumé, fondé sur la défense du modèle européen de commerce équitable.
En toile de fond, c’est toute la question du commerce durable, de la traçabilité et de la concurrence loyale qui se joue. Si la France parvient à imposer une régulation plus stricte, elle pourrait ouvrir la voie à un nouvel équilibre entre digitalisation et souveraineté économique.





