Cet été, les vacanciers français semblent plus prudents que jamais lorsqu’il s’agit de dépenser pendant leurs congés. Face à la pression du pouvoir d’achat, les Français font des choix drastiques, malgré une affluence touristique record dans certaines régions. Cette situation soulève une question centrale : le secteur touristique français peut-il maintenir son élan avec une clientèle moins prête à ouvrir son portefeuille ? Les données des premiers mois de la saison montrent des comportements de consommation bien différents selon les segments du marché.
🏖 Plus de monde, mais des budgets serrés
Le secteur touristique français a observé un début de saison relativement positif, notamment dans l’hôtellerie. En juillet 2025, le revenu moyen du secteur hôtelier a progressé de 1,9 % à l’échelle nationale, et même de 10 % sur le littoral breton, selon Jean-Virgile Crance, président de la Confédération des acteurs du tourisme. Cependant, cette performance ne masque pas une réalité plus inquiétante : si la fréquentation est en hausse, les touristes sont désormais plus sélectifs et cherchent à limiter leurs dépenses.
Les Français semblent avoir décidé de privilégier les activités à faible coût tout en renonçant à des plaisirs traditionnels. L’hébergement reste une priorité pour les vacanciers, mais les dépenses annexes, comme la restauration ou les loisirs, connaissent une baisse significative. Sandra Hoibian, directrice du Credoc, explique :
Cette année, plus de gens partent en vacances, mais un plus grand nombre de vacanciers ne se traduit pas nécessairement par une augmentation du budget consacré aux vacances.
🍴 Restauration et loisirs en berne
Les restaurants sont particulièrement affectés par cette tendance. Hubert Jan, président départemental de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) du Finistère, alerte :
Le secteur a fait tout ce qu’il pouvait pour se préparer à la saison, mais les chiffres ne sont pas au rendez-vous. Les patrons sont vraiment surpris qu’il y ait si peu de monde.
Alors que le transport et l’hébergement restent des dépenses incontournables, les vacanciers semblent diminuer leur budget pour la restauration, souvent jugée non essentielle.
Dans le secteur de l’hôtellerie de plein air, la situation est également contrastée. Nicolas Dayot, président de la fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, note un faible intérêt pour les mobil-homes, qui sont restés relativement vides. En revanche, les emplacements pour tentes et caravanes ont enregistré un plus grand nombre de réservations. Cela traduit une volonté des vacanciers de profiter des vacances tout en réduisant les dépenses, surtout pour des commodités plus onéreuses.
Les touristes étrangers, en particulier les Allemands, les Néerlandais et les Britanniques, semblent moins affectés par la crise économique. Ces derniers arrivent en France avec un pouvoir d’achat supérieur et continuent de contribuer positivement à l’économie touristique locale. Jean-Virgile Crance confirme :
Nos voisins européens, ainsi que les touristes américains, viennent en vacances avec un budget plus confortable.
👁️ L’œil de l’expert : saison à double tranchant
L’été 2025 révèle une fracture économique dans le secteur touristique français. Alors que l’hébergement semble bien se porter, les secteurs dépendants des dépenses accessoires, tels que les restaurants et les loisirs, souffrent. Cette tendance pourrait se prolonger au fil de l’année si la pression sur le pouvoir d’achat des Français persiste, mettant en péril les marges des petites entreprises du secteur.
Cependant, les professionnels restent optimistes, notamment grâce à la forte affluence des touristes étrangers. Les réservations pour août et septembre laissent entrevoir une recette touristique diversifiée, où les régions phares de France bénéficient encore de l’engouement des vacanciers. Si la concurrence des autres destinations européennes reste forte, les acteurs du secteur devront ajuster leur stratégie pour répondre à cette nouvelle demande sélective.