Donald Trump continue de brouiller les pistes sur la guerre en Ukraine. Alors qu’il se veut médiateur en tentant de réunir Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine autour d’une table de négociation, le président américain a surpris le 21 août avec une déclaration incendiaire : selon lui, Kiev n’a « aucune chance » de l’emporter sans frapper directement la Russie. Une prise de position qui interroge autant sur sa stratégie que sur ses véritables intentions économiques et géopolitiques.
💣 Une rhétorique belliqueuse
Dans un message diffusé sur Truth Social, Donald Trump a comparé l’Ukraine à « une équipe qui ne jouerait qu’en défense ». Selon lui, « il est presque impossible de gagner une guerre sans attaquer le pays envahisseur ». Et d’accuser Joe Biden d’avoir empêché Kiev de riposter efficacement.
Cette sortie n’est pas isolée. D’après le Financial Times, Trump aurait même demandé à Zelensky en juillet dernier s’il envisageait de « frapper Moscou ou Saint-Pétersbourg ». Réponse du président ukrainien : « Absolument, si vous nous donnez les armes ». Une phrase révélatrice d’un dilemme financier majeur : l’Ukraine reste dépendante de l’armement occidental, coûteux et politiquement sensible.
L’analyste Ulrich Bounat rappelle sur BFMTV que :
Si Trump autorise des frappes ukrainiennes de longue portée, l’équilibre stratégique pourrait basculer.
Mais il nuance :
Si cela reste au stade de la menace, cela ne changera pas le calcul de Poutine.
Autrement dit, sans levier économique et militaire concret, l’effet de ces déclarations pourrait rester limité.
🌍 Entre diplomatie et blocages financiers
Paradoxalement, ces propos interviennent au moment où Trump intensifie ses efforts pour relancer un processus de paix. Après avoir rencontré Vladimir Poutine en Alaska puis Zelensky à Washington avec plusieurs dirigeants européens, il affirme préparer un sommet trilatéral. Mais la faisabilité de ce scénario reste très incertaine.
Les signaux envoyés par Moscou restent fermés. Volodymyr Zelensky accuse la Russie de « se soustraire à la nécessité d’une réunion », tandis que Sergueï Lavrov prévient qu’une rencontre mal préparée « risquerait d’aggraver la situation ». Dans les faits, la Russie continue d’accroître la pression militaire : 574 drones et 40 missiles ont encore été lancés en une seule nuit, un record depuis juillet.
Au-delà du terrain militaire, les enjeux économiques sont cruciaux. L’Ukraine conditionne tout accord de paix à des garanties de sécurité solides de la part des Occidentaux, incluant potentiellement un soutien militaire européen. Or, ce scénario est jugé « inacceptable » par Moscou. La question budgétaire reste également centrale : la guerre coûte déjà des centaines de milliards, et tout nouvel engagement occidental pèserait lourdement sur les finances publiques.
👁️ L’œil de l’expert : diplomatie de guerre
Derrière l’apparente incohérence des déclarations de Donald Trump se joue une partie de poker stratégique. Son discours mêle menace militaire et intention diplomatique, brouillant volontairement les cartes. Mais une chose est certaine : chaque mot a un impact direct sur les marchés de l’énergie, l’industrie de l’armement et la perception des investisseurs. Si l’idée d’un sommet Zelensky-Poutine semble encore lointaine, les conséquences financières et sécuritaires de ces prises de position se font déjà sentir en Europe comme aux États-Unis.