Ce lundi 8 septembre, François Bayrou se soumet à un vote de confiance décisif. Si son gouvernement venait à tomber, l’onde de choc dépasserait largement l’arène politique : c’est toute l’économie française qui pourrait être fragilisée. Retard budgétaire, hausse des taux d’intérêt, moral en berne des ménages et recul de l’investissement : autant de risques déjà observés lors des précédentes crises politiques. « L’instabilité fait partie des éléments qui enlèvent de la visibilité », rappelle Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC. Et cette perte de visibilité coûte cher.
💸 L’instabilité politique, un poison pour la croissance
L’histoire récente le prouve : la crise politique de 2024, marquée par la dissolution en juin puis la courte parenthèse de Michel Barnier à Matignon, a amputé le PIB français de 12 milliards d’euros, soit « entre 0,3 et 0,4 point de croissance », selon l’économiste Mathieu Plane (Franceinfo).
Cette instabilité a pesé lourd sur la confiance économique :
Ménages : leur moral, mesuré par l’Insee, s’était effondré après un bref sursaut, entraînant une hausse marquée du taux d’épargne. Résultat : des milliards d’euros soustraits à la consommation réelle.
Entreprises : confrontées à une visibilité fiscale quasi nulle, elles ont freiné embauches et investissements. Comme le note Christian Parisot : « Depuis qu’on a ces incertitudes politiques, l’investissement recule en France ». L’OFCE confirme que ces reports ont constitué le principal facteur de perte économique.
Marchés financiers : les investisseurs ont exigé une prime de risque plus élevée pour financer l’État. Concrètement, les taux d’intérêt sur la dette française ont grimpé, renchérissant la charge publique.
Autrement dit, chaque épisode d’incertitude se traduit par une combinaison explosive : moins de consommation, moins d’investissement, et une dette plus chère à financer.
📊 Bayrou en sursis : quels scénarios pour l’économie ?
La chute éventuelle du gouvernement Bayrou aurait de fortes répercussions. Comme le souligne Mathieu Plane : « Personne n’est capable de dire quels vont être les effets macroéconomiques précis », mais la probabilité d’une aggravation est réelle. Plusieurs scénarios se dessinent :
Un retard budgétaire : si le Parlement ne vote pas les comptes publics dans les temps, la France verrait ses taux d’emprunt grimper davantage, prolongeant l’effet boule de neige sur la dette.
Une épargne encore plus élevée ? Christian Parisot nuance : « Est-ce que le taux d’épargne des ménages peut aller beaucoup plus haut que le niveau historique actuel ? Pas sûr. » Mais une stagnation prolongée de la consommation demeure probable.
Des investissements différés : déjà fragilisés par le contexte mondial, les projets des entreprises pourraient être encore repoussés ou annulés, freinant la croissance.
Quelques gagnants isolés : les gestionnaires d’épargne, certains détenteurs d’or ou de valeurs refuges pourraient profiter de l’instabilité. Mais, comme ironise Parisot, « il n’y en a pas beaucoup ! ».
Enfin, les grands bénéficiaires indirects seraient les pays étrangers stables, dont les économies attireraient capitaux et confiance des investisseurs en quête de sécurité.
👁️ L’œil de l’expert
La France se trouve face à un dilemme classique : chaque incertitude politique se paie cash en points de PIB et en intérêts de dette. Le précédent de 2024 montre que l’économie hexagonale reste extrêmement vulnérable aux aléas institutionnels. Le cas Bayrou risque d’illustrer à nouveau ce cercle vicieux : un climat politique instable entraîne une défiance des acteurs économiques, qui elle-même aggrave la fragilité budgétaire du pays.
Dans une économie déjà ralentie, le coût potentiel d’une telle crise pourrait dépasser celui de 2024 et renforcer l’image d’une France structurellement instable aux yeux des investisseurs internationaux. Autrement dit : si la politique trébuche, c’est toute la trajectoire économique qui vacille.