L’annonce surprise de François Bayrou, Premier ministre, de soumettre son gouvernement à un vote de confiance le 8 septembre, a provoqué un véritable séisme à la Bourse de Paris. Alors que le CAC 40 évoluait prudemment, il a chuté brutalement pour clôturer en repli de 1,59 %, bien en deçà des autres places européennes. Derrière cette réaction épidermique des marchés se cachent de profondes inquiétudes économiques et financières, notamment dans des secteurs déjà fragilisés comme le BTP, les banques et l’énergie. Comme l’explique l’analyste cité par Sortir à Paris, cette décision « traduit un climat d’instabilité institutionnelle qui effraie les investisseurs ».
⚠️ Instabilité politique et défiance des marchés
La déclaration de François Bayrou, survenue en fin d’après-midi, a immédiatement fait basculer les courbes boursières. Le CAC 40, qui évoluait encore autour de 7 930 points, a chuté à 7 843 points en moins d’une heure. Cette volatilité illustre une nervosité accrue des investisseurs face à un contexte politique jugé imprévisible.
Contrairement au DAX de Francfort (-0,65 %) et au FTSE MIB de Milan (-0,48 %), l’indice parisien a affiché une contre-performance, signe que le risque est perçu comme spécifiquement français. Cette défiance se traduit aussi sur la dette souveraine : le taux d’emprunt à 10 ans est passé de 3,483 % à 3,492 %, un mouvement modeste mais révélateur d’une prime de risque politique.
L’incertitude quant à l’issue du vote de confiance nourrit un climat d’attentisme. Bruxelles et les marchés redoutent que cette fragilité institutionnelle ne bloque la mise en œuvre de réformes économiques déjà ralenties.
🏗️ BTP en chute libre, menace sur l’emploi et l’investissement
Le secteur du bâtiment a concentré une grande partie des inquiétudes. Vinci (-5,81 %), Bouygues (-4,49 %) et Saint-Gobain (-3,34 %) figurent parmi les plus fortes baisses du jour.
La dégradation de la conjoncture immobilière explique en grande partie ce plongeon. Hausse des taux d’emprunt, accès au crédit restreint, réduction des aides publiques et effondrement de la demande résidentielle plongent le BTP dans une crise profonde. La Fédération Française du Bâtiment (FFB) anticipe jusqu’à 100 000 emplois menacés d’ici fin 2025 si aucun plan de relance n’est acté.
À ces tensions structurelles s’ajoutent les incertitudes politiques : les collectivités locales retardent des projets d’aménagement par crainte de restrictions budgétaires, accentuant le ralentissement. Comme le note un expert du secteur, « la fragilité du gouvernement accentue la prudence des investisseurs et paralyse les commandes publiques ».
💶 La nervosité gagne du terrain
Les valeurs bancaires, souvent baromètre de la confiance économique, ont également subi le contrecoup. BNP Paribas (-3,54 %), Société Générale (-3,49 %) et Crédit Agricole (-2,96 %) ont décroché, malgré leurs solides résultats aux récents stress tests européens. Le spectre d’un exécutif affaibli inquiète les investisseurs, qui redoutent des réformes différées sur la fiscalité et la régulation.
Même les utilities, traditionnellement perçues comme des valeurs défensives, n’ont pas été épargnées : Veolia (-3,82 %) et Engie (-2,37 %) reculent, plombées par les doutes sur la capacité de l’État à maintenir ses engagements en matière de transition énergétique.
Enfin, le secteur de l’assurance reflète lui aussi cette défiance. AXA (-3,83 %) a perdu du terrain, malgré un environnement théoriquement favorable grâce à la hausse des taux. Ici encore, l’incertitude institutionnelle annule les bénéfices attendus et renforce une logique d’aversion au risque.
👁️ L’œil de l’expert : perte de confiance
Selon Claire Dubois, économiste indépendante, la réaction des marchés traduit « un problème de crédibilité politique plus qu’une inquiétude sur les fondamentaux économiques ». Autrement dit, les entreprises françaises restent solides, mais la perception d’une instabilité institutionnelle fragilise la confiance des investisseurs étrangers. Si le gouvernement parvient à sécuriser son vote de confiance, un rebond rapide des valeurs est envisageable. En revanche, un échec ouvrirait la voie à une correction durable et à une hausse significative du coût de financement de la dette publique.