Accueil Taux directeurs : entre espoir et raison

Taux directeurs : entre espoir et raison

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Nous nous réjouissions en fin d’année dernière de la chute brutale des taux obligataires, revenant à un seuil sous les 2,5% en décembre dernier. Force est de constater que le début d’année est à la nervosité.

Le 5 janvier dernier, en fin de matinée, le taux de rendement de l’emprunt de l’Etat français à dix ans s’établissait à 2,7%… La situation semble être identique de l’autre côté de l’Atlantique ou les taux longs ont atteint 4% la veille, pour la première fois depuis mi-décembre. (plus bas à 3,8%).

L’inflation et l’emploi comme responsables

La tension était palpable côtés investisseurs, à la sortie des chiffres de l’inflation en zone Euro, repartie de manière inattendue à la hausse en décembre dernier dans la zone Euro.

Mais l’inflation ne semble pas être le seul responsable de cette agitation ambiante : les bons chiffres de l’emploi outre-Atlantique, publiés jeudi dernier, témoignent de la bonne santé de l’économie américaine, susceptible d’entretenir une inflation persistante. Et qui dit inflation, dit aussi maintient possible d’une politique austère des banques centrales (européenne ou fédérale).

Et dans le scénario d’un maintien prolongé des taux directeurs aux niveaux que nous connaissons (respectivement à 4-4,75% et 5,25-5,50%), alors il y a tout lieu de penser que les taux longs repartiraient durablement à la hausse.

Léger rebond après une forte baisse des taux obligataires

Le mois dernier, pourtant, l’heure était plutôt à la fête.

Le taux américain à 10 ans avait diminué jusqu’à 3,8% fin décembre, loin du pic des 5% en octobre. Ce desserrement de la pression des investisseurs était venu de l’espoir de voir la Réserve Fédérale Américaine baisser ses taux directeurs dès le printemps 2024.

Ainsi, le 14 décembre, des responsables de la Fed avaient évoqué une possibilité de trois ou quatre baisses l’année suivante, pour amener les taux à 4,6% fin 2024 (contre 5,25 à 5,50% aujourd’hui).

Bien sûr, la question qui commence à faire jour est celle de savoir quand il sera opportun de réduire la politique monétaire restrictive,

avait, par ailleurs, indiqué le président de la Fed ; ajoutant que la question du calendrier avait été « un sujet de discussion » au cours de la dernière réunion de la banque centrale. Un scénario anticipé par les marchés comme l’expliquait alors John Plassard, directeur et spécialiste des marchés chez la banque Mirabaud :

Les marchés ont écarté toute possibilité d’une nouvelle hausse et s’attendent désormais à ce que la première baisse intervienne en mars ou en mai 2024.

– On souffle le chaud et le froid

Il y a quelques semaines encore, les banques centrales, au-delà de confirmer l’arrêt des hausses successives inédites de leurs taux directeurs, diffusaient donc des messages plutôt positifs sur les tendances baissières à venir.

C’était sans compter sur la publication de statistiques économiques de ce début d’année.

Pour l’Europe, et comme indiqué plus haut, c’est bien l’inflation – qui a été à l’origine de cette spectaculaire remontée des taux de la BCE – qui vient perturber le plan imaginé par les investisseurs (et aussi les banques) : baisser les taux directeurs. L’inflation en zone Euro est remontée à 2,9% sur un an, contre 2,4% pour le mois de novembre dernier. Ce regain n’était attendu par personne et est venu crispé les marchés.

Pour le marché américain, la bonne forme du marché de l’emploi domestique s’illustre avant tout par un nombre de créations d’emplois pour le secteur privé inattendu à 164.000 pour le mois de décembre (114.000 attendus). Or ces tensions sur le marché de l’emploi américain favorisent les tensions sur les salaires. Les éventuelles baisses des taux attendues aux USA pour le premier semestre 2024 pourraient de ce fait bien être repoussées au second semestre. Rien de mieux pour nourrir des déceptions.

La sanction est immédiate et les taux long repartent alors à la hausse.

Patience et attentisme

L’heure semble donc à l’attentisme : la publication des premiers résultats annuels, l’orientation prise par le conflit au Moyen-Orient, seront des éléments déterminants dans les décisions que prendront les grands argentiers.

Plus localement, l’issue des négociations industriels/distributeurs, l’évolution du prix des énergies et des services seront sans doute les arbitres des premiers mois de l’inflation 2024.

Dans ce contexte il est sans doute de bon ton de ne donc pas s’enflammer sur la reprise. Garder la raison et continuer d’observer semblent donc bien être les meilleurs conseils du moment !

Written by
Fabien Monvoisin

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français

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