Star absolue du cyclisme mondial, Tadej Pogacar ne domine pas seulement le Tour de France, il règne aussi sur les finances du peloton. En une journée décisive dans les Pyrénées, le 17 juillet à Hautacam, le Slovène a relégué Jonas Vingegaard à plus de deux minutes, reprenant un maillot jaune qu’il semble désormais hors de portée pour ses rivaux. Une domination sportive éclatante… qui cache une réalité économique tout aussi impressionnante : combien gagne réellement la star de la petite reine ? Derrière ses performances se dissimule un contrat record, des revenus astronomiques et un modèle financier qui redéfinit l’économie du cyclisme professionnel. Décryptage économique d’un champion hors norme.
1️⃣ Un contrat d’or : Pogacar, un leader financier autant que sportif
Sous les couleurs de UAE Team Emirates, Tadej Pogacar s’impose comme la figure de proue d’une nouvelle ère financière dans le cyclisme. Le Slovène a récemment prolongé son contrat, atteignant 8 millions d’euros par saison, soit près de 50 millions sur six ans, hors revenus publicitaires. Une progression fulgurante pour celui qui touchait déjà 7 millions annuels.
Son manager Mauro Gianetti n’a pas caché sa satisfaction :
Tadej a rejoint l’équipe alors qu’il était un jeune homme ambitieux de 20 ans, et nous l’avons vu grandir jusqu’à remporter le Giro d’Italia, le Tour de France et les Mondiaux
Un succès sportif qui justifie, selon l’équipe, cet investissement massif.
2️⃣ Clause libératoire : un verrou financier inédit
Fait rarissime dans le cyclisme : une clause libératoire de 200 millions d’euros aurait été intégrée à son contrat, selon La Gazzetta dello Sport. Ce montant astronomique verrouille Pogacar à l’UAE Emirates, rendant presque impossible son transfert vers une autre formation.
Dans un peloton historiquement épargné par les transferts à gros montants, cette clause marque un tournant.
Pas sûr qu’à ce prix, une équipe UCI puisse chiper le champion du monde à l’UAE Emirates
commente la presse italienne.
3️⃣ Un écart salarial qui interroge : 16 fois le salaire moyen du peloton
Le contraste est frappant : Pogacar perçoit un salaire 16 fois supérieur à celui de la moyenne du peloton. Si des leaders comme Jonas Vingegaard touchent environ 4,5 millions d’euros par saison, la plupart des coureurs plafonnent autour de 500 000 euros annuels.
Pourtant, le cyclisme professionnel n’a jamais généré autant de ressources. Le budget global des équipes UCI WorldTour est passé de 379 millions à 570 millions d’euros entre 2021 et 2025. La concentration des richesses sur quelques têtes d’affiche illustre une inégalité croissante dans la répartition des ressources.
4️⃣ L’économie du cyclisme en mutation : le modèle UAE Emirates
Le modèle économique de UAE Emirates repose sur une stratégie d’investissements massifs dans un leader unique, à l’image des grandes écuries de football. Ce schéma transforme la nature même du sponsoring sportif. Pogacar, en plus de son salaire, bénéficie de partenariats personnels non intégrés à son contrat, accentuant ses revenus totaux.
Son propre aveu résume la situation :
Cette équipe me donne les meilleures chances de me battre pour des victoires, et c’est exactement ce que je veux faire
L’athlète devient un actif stratégique, central dans la communication globale de l’équipe et des sponsors.
👁 L’œil de l’expert : Pogacar, miroir d’un cyclisme à deux vitesses ?
Le cas Pogacar illustre la financiarisation croissante du cyclisme professionnel. Si ces investissements bénéficient aux stars du circuit, ils creusent davantage l’écart avec le reste du peloton. À terme, cette polarisation pourrait redéfinir la compétitivité des équipes et accentuer la dépendance à quelques grands investisseurs.
Le cyclisme, longtemps perçu comme un sport collectif au modèle économique équilibré, glisse désormais vers des logiques de stars-systèmes, similaires à celles du football ou de la F1.
